L’innovation

Une offre « clés en main » destinée aux organisations pour les fournir en produits menstruels pour leurs employées, avec une cinquantaine d’articles biodégradables et sans produits chimiques également offerts aux simples consommatrices.

Qui ?

Lara Émond est bachelière de l’Université Laval en administration des affaires. Cette native d’Ottawa, qui a grandi à Québec et vit maintenant à Montréal, a fait un constat troublant il y a quelques années : il n’y a pas que du coton dans des serviettes hygiéniques qui n’affichent pourtant que cet ingrédient.

« J’ai commencé à faire de la recherche et je suis tombée sur des études qui révèlent que dans les produits menstruels traditionnels, on retrouve en moyenne de 20 à 30 produits chimiques, dont des phtalates, des dioxines, des pesticides, des éléments que l’on sait clairement cancérigènes », explique Mme Émond.

L’idée au cœur d’Iris+Arlo était née, l’entreprise sera fondée en 2022 par Lara Émond et officiellement inaugurée en mars 2023. Elle compte aujourd’hui huit employés avec, à leur tête, la fondatrice.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Tous les produits d’Iris+Arlo ont en commun le même souci d’être « sains », biodégradables, faits de coton 100 % biologique pour les matériaux, sans BPA, parfums, chlore ou dioxines.

Le produit

Au départ, Iris+Arlo, ce sont une cinquantaine de produits menstruels divisés en cinq grandes catégories : tampons, serviettes, culottes, réutilisables et distributrices. Des applicateurs aux coupes menstruelles en passant par les protège-dessous et même le matcha, tous ont en commun le même souci d’être « sains », biodégradables, faits de coton 100 % biologique pour les matériaux, sans BPA, parfums, chlore ou dioxines.

« Sans tous ces éléments-là dont on n’a pas besoin, qui n’ont pas d’affaire à être en contact direct avec nos parties intimes, qui sont une des parties qui absorbent le plus dans notre corps », précise Mme Émond. On a également pris soin de limiter l’impact environnemental en éliminant le plus possible le recours au plastique.

Énormément de produits menstruels sont actuellement fabriqués à partir de plastique. On parle de 7 milliards d’applicateurs en plastique annuellement qui sont jetés soit dans les dépotoirs, soit encore pire, dans nos cours d’eau.

Lara Émond, fondatrice et PDG d’Iris+Arlo

Tous ces produits ont été conçus par la jeune entreprise et sont manufacturés par différents fabricants « avec des cahiers de charge très précis », indique la PDG. L’essentiel des activités d’Iris+Arlo n’est pas la vente de ces produits aux consommatrices, mais l’approvisionnement des quelque 200 organisations clientes d’Arlo+Iris. Desjardins, Fondaction, le Fonds de solidarité FTQ et Emballage Carrousel, entre autres, offrent gratuitement à leurs employées distributeurs et produits menstruels. Ce B2B représente 80 % du chiffre d’affaires.

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L’essentiel des activités d’Iris+Arlo n’est pas la vente de ces produits aux consommatrices, mais l’approvisionnement des quelque 200 organisations clientes d’Arlo+Iris.

Les produits vendus aux consommatrices, en ligne ou dans une dizaine de points de vente au Québec, sont « 30 % en moyenne plus chers » que leurs équivalents industriels, reconnaît Mme Émond. Les prix offerts aux organisations, par contre, « sont extrêmement compétitifs », assure-t-elle.

On a également mis sur pied une autre offre de service pour ces grands clients : « L’accès à nos experts en santé menstruelle pour toute question reliée à la santé menstruelle » ainsi que des ateliers-conférences sur ce sujet, ajoute la PDG.

Les défis

Depuis ses débuts et encore aujourd’hui, Mme Émond se heurte à un malaise certain des responsables à l’idée de parler de santé menstruelle. « Il y a encore beaucoup de tabous autour des menstruations. J’ai vu des chefs d’entreprise qu’on contactait qui ne voulaient pas en parler. » « [Aujourd’hui], affirme-t-elle, ce sont eux qui nous appellent en avouant que la discussion qu’on avait eue avait beaucoup de sens. »

L’autre défi, la fondatrice le définit pudiquement comme un « manque d’éducation ». « Je me suis fait souvent questionner par des personnes qui n’ont plus de règles, qui ont un certain âge et qui n’ont jamais vu un tampon ou un applicateur de leur vie... C’est justement ça qui nous a amenés à développer tout le côté éducatif, que ce soit les ateliers, les conférences, les cartes de discussion... »

Choisir de concevoir ses propres produits, avec des manufacturiers différents et en imposant une production spécifique, « ça veut dire beaucoup de développement, ça veut dire beaucoup de différents partenaires parce que c’est beaucoup de différentes matières. Donc évidemment, ce sont des défis d’approvisionnement, de trouver les bons partenaires », dit Lara Émond.

L’avenir

La jeune entreprise, manifestement, ne manque pas d’ambition à court terme. D’ici la fin de l’année 2024, on espère avoir atteint le cap des 500 entreprises clientes et les 300 points de vente, dont un en Europe.

À plus long terme, Lara Émond a un rêve : « Que d’un océan à l’autre, dans l’ensemble des salles de bains, on retrouve des produits menstruels offerts gratuitement. Que la prochaine génération et la génération actuelle finissent dans quelques années par trouver normal qu’on ait des produits menstruels offerts quand on en a besoin. »