Chaque lundi, nous vous présentons une entreprise qui innove.

L’innovation

Les cofondateurs de Ma Cantine le décrivent comme un miniresto autonome.

Il prend la forme d’un réfrigérateur commercial équipé de capteurs de radiofréquence et d’un système de gestion à distance.

Installé dans un lieu public, l’appareil est approvisionné en plats préparés par un fournisseur alimentaire, munis d’une étiquette électronique. Le client déverrouille le frigo avec une carte de paiement pour avoir accès à des repas frais, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Qui ?

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Philippe Jean et Cédric Moindrot, cofondateurs de Ma Cantine

Ma Cantine a été officiellement fondée à Montréal en octobre 2022, sur la base d’une réflexion entamée durant la pandémie par Cédric Moindrot, traiteur d’expérience doublé d’un créateur technologique, auquel s’est joint Philippe Jean, spécialisé dans le commerce interentreprises.

Inspiré par une technologie française, Cédric Moindrot a consacré près de deux ans à la mise au point d’un frigo branché qui vend des plats frais de manière autonome.

L’idée, c’est un frigo intelligent qui permet d’avoir de la nourriture de qualité produite par des traiteurs, réfrigérée, donc consommable pendant plusieurs jours, plutôt que des barres tendres ou des croustilles. C’est une solution qui permet à tous les Québécois de bien se nourrir dès qu’ils ne sont pas chez eux.

Philippe Jean, cofondateur de Ma Cantine avec Cédric Moindrot

Le fonctionnement

Le réfrigérateur de qualité commerciale est encastré dans une structure métallique recouverte de panneaux en similibois. Il est doté d’un écran tactile et d’un terminal de paiement.

L’armoire réfrigérée, qui occupe au sol une surface d’environ 1 m⁠2, peut contenir une centaine de plats.

Les contenants, les bouteilles et les repas, préparés par un fournisseur alimentaire, sont munis d’étiquettes d’identification par radiofréquence (RFID, en anglais).

Elles sont repérées par des antennes RFID insérées dans chaque tablette.

Le frigo, muni d’une porte vitrée, donne à voir tout son contenu aux clients.

Ladite porte se déverrouille lorsque le client présente une carte de paiement ou le code QR d’une application téléchargeable sur son cellulaire.

« À partir de ce moment-là, vous pouvez vous servir dans le frigo comme vous le feriez dans votre frigo à la maison », décrit Philippe Jean.

Une fois refermée, la porte se verrouille pendant que l’appareil fait le décompte des plats manquants, qui sont facturés sur la carte du client.

L’écran tactile lui énumère sa sélection, qu’il peut confirmer pour paiement.

Le principe

Le frigo intelligent est vendu ou loué à des entreprises et des organisations qui veulent offrir un service alimentaire.

Il est soutenu par un logiciel de gestion à distance et une application pour le consommateur, qui peut consulter le contenu du frigo le plus proche sur son cellulaire.

Grâce aux étiquettes à puce, les prix peuvent être gérés et ajustés à distance, par exemple pour accorder des rabais sur les plats qui approchent de leur date de péremption, réduisant ainsi le gaspillage alimentaire.

Une contrainte, tout de même : le frigo ne peut accueillir de cannettes de boissons en métal, qui interfèrent avec la radiodétection.

La production

Le prototype a été présenté au Salon international de l’alimentation (SIAL) de Montréal en avril 2022.

« On a investi plus de 300 000 $ pour développer la solution, de nos fonds personnels essentiellement », informe Philippe Jean.

Les frigos proprement dits sont pour l’instant fabriqués dans une usine italienne du « plus grand frigoriste au monde », dit-il, mais Ma Cantine prévoit faire transférer la production dans l’usine américaine du groupe.

Les modifications au frigo, le montage des éléments électroniques et l’assemblage de l’armoire sont effectués à Montréal.

La commercialisation a été lancée au quatrième trimestre 2022, pour une première livraison en janvier 2023.

Une vingtaine de frigos ont été installés. Parmi les clients, on compte le Parlement d’Ottawa, quelques casinos de Loto-Québec, des universités, des traiteurs.

L’avenir

Ont-ils établi des objectifs de production de frigos ?

« Je préfère donner une fourchette », répond Philippe Jean, dans une formule appropriée à son secteur d’activité. « L’objectif, sans être trop optimiste, est d’atteindre entre 60 et 100 frigos d’ici la fin de l’année. »

L’entreprise veut d’abord croître au Québec, où ses cofondateurs entrevoient « un immense marché ». L’Ontario suivra, puis le reste du continent nord-américain.