L’innovation

Fabli met au point un raconteur numérique d’histoires pour enfants, un petit lecteur audio interactif – mais sans écran ! – qui donne accès à une bibliothèque de contenus spécifiquement créés pour eux : contes, jeux, thèmes musicaux, etc. L’enfant interagit avec l’appareil à l’aide d’un clavier de 16 touches qui s’illuminent de couleurs variées selon le programme choisi.

Qui

L’idée est née en octobre 2022. Deux conjoints, Pierre-Édouard Goriaux et Mélanie Heyberger, chacun entrepreneur de son côté, cherchaient en vain des livres et des outils pour expliquer à la fille du premier, issue d’une première union, les circonstances de l’arrivée de leur nouveau petit bébé.

Constatant le manque de contenu approprié et le peu d’options électroniques sans écran, ils ont décidé de prendre eux-mêmes le problème en main.

En fait, on est une entreprise qui produit un jouet connecté et électronique sans écran pour les enfants, et on est aussi une maison d’édition qui produit des contenus qui visent au développement de l’intelligence émotionnelle et au développement cognitif des enfants de 0 à 10 ans.

Pierre-Édouard Goriaux, cofondateur de Fabli avec Mélanie Heyberger

La conception

Pierre-Édouard Goriaux et Mélanie Heyberger ont conçu un premier lecteur audio qui projetait des images sur un mur.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Mélanie Heyberger et Pierre-Édouard Goriaux, cofondateurs de Fabli

D’abord spécialisé en technologie de l’information, mais bricoleur inspiré, Pierre-Édouard Goriaux a construit un prototype dans l’atelier bien équipé de son domicile, pour constater que cette projection s’appuyait elle-même sur un écran, au sens cinématographique du terme.

Les deux entrepreneurs se sont adjoint les services du studio de design industriel Punctuate et de son fondateur et directeur artistique Thibault Lerailler pour concevoir ce qui, au fil du développement, est devenu la Fabli – le mot est féminin, inspiré de fable ou boîte à histoires, insistent les cofondateurs.

Au bout du compte, « c’est aussi un travail d’écoconception : le rendre réparable, durable, résistant et suffisamment petit pour qu’on gâche le moins de matière possible », constate Pierre-Édouard Goriaux.

L’appareil

L’appareil, approximativement de la taille d’un livre de poche, se présente sous la forme d’un boîtier dont la face avant est munie d’un petit haut-parleur en forme de fleur, d’un gros bouton de navigation rotatif, et d’une série de 16 touches lumineuses disposées en carré. À son sommet, un petit bouton sert à allumer l’appareil et à régler le volume. Un gros œillet, qui émerge du coin supérieur droit, peut accueillir la boucle d’une sangle de transport.

IMAGE FOURNIE PAR FABLI

L’objet est fourni avec un œillet pour faciliter le transport.

Sur le côté, deux commutateurs permettent au parent d’enclencher des interactions avec l’histoire en cours, d’accéder aux listes de lecture qu’il a créées sur une application mobile, ou de retourner au menu principal.

L’appareil est protégé des chocs par une coque en silicone de couleur contrastante.

L’ensemble montre de rassurantes formes adoucies, à mille lieues de l’aride fonctionnalisme d’un appareil électronique standard, sans tomber non plus dans l’excès criard de certains jouets.

Un casque d’écoute est prévu.

Le contenu

« Notre ambition avec Fabli, c’est évidemment d’éloigner les enfants des écrans et surtout d’outiller les parents pour qu’ils puissent occuper leurs enfants beaucoup plus sainement », formule Mélanie Heyberger.

Une trentaine d’histoires sont en cours de production par des auteurs qui sont mis en communication avec des experts – psychologues, sophrologues, psychoéducateurs, etc.

Au total, « 90 % de nos auteurs et de nos experts sont au Québec », assure le cofondateur de Fabli.

Le contenu variera selon la tranche d’âge. Des ambiances sonores, des berceuses et des comptines s’adresseront aux enfants jusqu’à 2 ans. Pour ceux de 3 à 5 ans, des histoires sont spécifiquement créées pour leurs transitions de vie : l’entrée à l’école, l’arrivée d’un petit frère, un décès.

Entre 5 et 8 ans apparaissent des histoires plus complexes et interactives, dans lesquelles l’enfant intervient au travers des 16 touches lumineuses, pour faire des mini-jeux ou résoudre des énigmes dans le contexte narratif.

« L’enfant peut déterrer un objet dans la terre en enlevant toutes les couleurs du clavier, éviter des pièges en faisant un itinéraire spécifique entre un point A et un point B, répéter le chant d’un oiseau dans une histoire », illustre Pierre-Édouard Goriaux.

Fabrication

Les appareils sont fabriqués en Chine, d’où revenait Pierre-Édouard Goriaux avec une série d’unités de préproduction, pour faire encore quelques mises au point.

L’entreprise a lancé au début avril une campagne de sociofinancement sur la plateforme Ulule.

L’objectif n’était pas de financer la R & D, mais vraiment de précommander une Fabli pour la recevoir en octobre prochain.

Pierre-Édouard Goriaux, coconcepteur de la Fabli

Au moment de notre entretien, un peu plus de 300 Fabli avaient été commandées, soit 309 % de l’objectif initial de 10 000 $.

L’avenir

Les deux entrepreneurs veulent lancer le produit au Québec à l’automne pour confirmer son adéquation au marché, l’offrir aux États-Unis en 2025, puis viser l’Europe en 2025. « On a eu beaucoup de commandes en France, beaucoup plus que ce qu’on imaginait », souligne Mélanie Heyberger.

Les deux entrepreneurs envisagent déjà les futures améliorations : des vibrations pour accompagner les phases de la narration, un accéléromètre pour repérer quand l’enfant tourne ou manipule l’appareil, une connexion Bluetooth pour des interactions lors des visites de musées, etc.

« Notre objectif est de vendre 5000 unités d’ici la fin de cette année, d’en vendre à peu près 25 000 en 2025, et de vendre le double en 2026 », conclut Pierre-Édouard Goriaux.

Notez que les photos prises par La Presse présentent des prototypes et non le produit final qui, lui, sera coloré.

Consultez le site web de la Fabli