Il y a quelques semaines, ma fille de 5 ans a fait un choc anaphylactique. Il s'agit d'une réaction allergique sévère entraînant dans la plupart des cas de graves conséquences et pouvant causer la mort. Je vous rassure tout de suite, tout s'est bien terminé et en soirée elle nous faisait rire avec ses folies... comme d'habitude!
Elle est allergique aux oeufs... entre autres. Lorsque nous avons su qu'elle avait des allergies alimentaires sévères, nous avons fait le choix familial de continuer à consommer les aliments auxquels elle est allergique. On ne voulait pas priver les autres membres de la famille d'aliments sains tels que les oeufs, les produits laitiers, plusieurs fruits, et les noix. Nous avons aussi voulu qu'elle grandisse dans un milieu au sein duquel elle serait amenée à réaliser qu'il y a des aliments qui ne lui conviennent pas. Elle doit elle-même prendre conscience que certains aliments présentent un danger pour elle. Nous la voulons responsable face à ses propres allergies. Mais quand une personne a des allergies alimentaires, tout son entourage n'a pas à se priver des aliments allergènes.
Bien entendu, nous croyons que l'entourage doit être sensibilisé à la situation et que la garderie, l'école, la famille doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et le bien-être de l'enfant. Mais priver la terre entière d'oeufs, arachides, lait... très peu pour nous!
Résultat: notre fille de 5 ans est très consciente de sa situation et très responsable face à ses allergies. En fait, elle l'était dès l'âge d'environ 3 ans. Elle ne mange rien qu'elle ne connaît pas sans demander avant si l'aliment contient des oeufs, du lait, du kiwi, etc. C'est vraiment drôle de la voir aller.
Malheureusement, tout le monde n'est pas encore sensibilisé à la gravité de certaines allergies alimentaires. Je dirais même que tout le monde ne prend pas toujours très au sérieux les propos d'un enfant de 5 ans.
Un samedi, ma fille a rencontré une de ces personnes. Elle était en visite chez la voisine de son ami lorsque la dame lui a offert un morceau de gâteau. Ma fille lui a dit qu'elle était allergique aux oeufs et a demandé s'il y en avait dans le gâteau. La dame lui a répondu qu'il n'en contenait pas. Le gâteau avait pourtant été fait maison et contenait quatre oeufs.
Heureusement, ma poulette n'en a pris qu'une bouchée pour réaliser que ça lui piquait dans la gorge et dans les oreilles. Elle l'a dit à la dame et celle-ci lui a dit de retourner chez elle pour le dire à sa mère. Alors, ma fille est revenue à la maison. La suite: vomissements, mal de tête, injection de l'Épipen, tour d'ambulance (je salue au passage le travail exceptionnel des deux ambulanciers d'Urgence Santé qui ont su rassurer ma fille... et sa mère!) et sept heures à l'hôpital. Heureusement, l'histoire s'est bien terminée.
Quelques jours après l'incident, je suis allée voir la dame pour la sensibiliser aux allergies de ma fille. Il n'était pas question pour moi de lui faire des reproches, mais simplement de lui expliquer la gravité de la situation. Eh bien croyez-le ou non, non seulement la dame ne s'est jamais excusée, mais elle m'a trouvé le tour de me dire que si ma fille allait chez elle, je lui imposais un fardeau dont elle n'avait pas à être responsable.
Le mari de la dame a même ajouté que je ne devrais peut-être pas faire des gâteaux sans oeufs à ma fille car elle pense qu'elle a le droit de manger des gâteaux! Monsieur, elle a demandé à votre femme si le gâteau en contenait, des oeufs!
Cette enfant-là, ce fardeau-là comme vous l'avez si gentiment appelée, je ne vais tout de même pas l'attacher chez nous parce qu'elle a des allergies alimentaires. Oui, ça serait plus rassurant de la garder en dessous de ma jupe, mais comment deviendrait-elle une adulte équilibrée et responsable?
Et cette enfant-là, elle a bien assez de se priver de plein d'aliments dans plein d'occasions sans qu'en plus, on la prive d'un bon gâteau au chocolat sans oeufs pour sa fête! Non, je ne la priverai pas de ce plaisir au cas où elle rencontrerait quelqu'un, un jour, qui n'est pas sensibilisé aux allergies alimentaires.
Je ne demande à personne d'arrêter de manger des oeufs, mais je demande à tout le monde de prendre au sérieux un enfant, peu importe son âge, qui dit qu'il a des allergies alimentaires. C'est une question de vie.