Au moment où le Canada accueille les leaders des 20 plus importants pays de la planète, notre pays exerce-t-il une réelle influence dans le monde? Si on cherche la réponse depuis longtemps, un groupe d'experts suggère au pays de se doter d'une «stratégie de positionnement mondial», une espèce de GPS, afin de savoir exactement où nous voulons aller et comment nous y rendre.

L'atout principal d'un pays comme le Canada est certainement son image sur la scène internationale. Cette semaine, La Presse a publié les résultats d'une vaste enquête auprès de répondants de 24 pays du Nord comme du Sud afin de savoir comment les étrangers, mais aussi les Canadiens, perçoivent le Canada. Si la réaction des Canadiens n'a rien de surprenant, le regard des autres est d'une cinglante acuité et devrait nous porter à réfléchir sur la place réelle du Canada dans le monde.

Nous sommes tolérants envers les autres et accueillants envers les immigrants, nous sommes riches et en santé, nous travaillons et nous vivons bien : tout cela nous le savons, et les autres nous envient. Là où nos yeux se dessillent à la lecture de l'enquête, c'est lorsque le reste du monde -et particulièrement nos alliés européens- nous ramène sur terre à propos de l'idée que nous nous faisons de notre rôle sur la scène internationale. Non, nous ne sommes pas très influents, nous ne sommes pas si généreux envers les pays les plus pauvres, nous ne défendons pas tant que cela la paix et les droits de l'homme, et nous sommes généralement alignées sur les politiques américaines. Le jugement est sévère et on pourrait argumenter sur ceci et cela, mais il n'est pas faux. Notre image est reluisante, certes, pourtant, lorsqu'on nous fréquente, nos insuffisances apparaissent au grand jour.

Le Canada, déclarait le premier ministre Stephen Harper en octobre 2006, «se doit de jouer un vrai rôle. [...] Les Canadiens ne veulent pas d'un Canada qui se contente de suivre. Ils veulent un chef de file.» Bref, le Canada se voit dans le groupe du peloton de tête, même si, comme membre du G8, notre économie n'est que la dixième ou onzième, nos troupes sont concentrées sur un seul théâtre, l'Afghanistan, et s'apprêtent à le quitter, notre présence en Afrique se réduit alors que celle des autres augmente, l'Asie nous reste à découvrir, nos relations avec l'Europe stagnent et nos actions semblent tièdes par rapport aux changements climatiques. Alors, chef de file de quoi au juste?

Un groupe de 13 chercheurs canadiens réunis par le Conseil international du Canada vient de publier un rapport présenté sous forme de GPS où il offre quelques idées pour tracer notre chemin.

La première et, sans aucun doute, la plus importante de ces idées est d'approfondir nos relations avec les États-Unis. On ne le dira jamais assez, mais notre prospérité et, de ce fait, notre influence, dépendent de cette relation unique au monde avec la seule superpuissance de l'heure. C'est aussi la clé qui permet de nous poser en interlocuteur sérieux avec les nouvelles puissances émergentes et nos alliés traditionnels. Nulle servilité ici, mais la prise en compte de nos véritables intérêts nationaux. Pour le reste, le rapport du CIC -dont la traduction française est médiocre- fait un certain nombre de recommandations très concrètes et dont la mise en oeuvre devrait nous permettre d'exercer une certaine influence.

En octobre, le Canada fera face à un vote crucial à l'ONU pour obtenir en janvier 2011 un siège non permanent au Conseil de sécurité. Les 191 pays qui choisiront notre candidature pour un mandat de deux ans devront déterminer si nous méritons cet honneur. Le Canada a-t-il quelque chose à leur proposer pour la durée de ce mandat? Pour l'instant, notre feuille de route est bien mince. Il nous en faut une d'urgence.