Ça y est, le Canada porte plainte auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) contre la décision européenne d'interdire l'importation de produits dérivés du phoque. Quelle décision irrationnelle et coûteuse pour les contribuables!

En effet, il se passerait des années avant d'avoir une décision de l'OMC, et cette décision ne serait pas forcément celle souhaitée par le gouvernement.

 

Il n'est pas besoin d'être un grand visionnaire pour constater que la décision de l'Union européenne, qui compte 27 pays, s'inscrit dans un courant généralisé. Déjà, en 1972, les États-Unis ont interdit toute importation de produits du phoque. En 2006, c'était au tour du Mexique et de la Croatie. Israël est en voie de prendre la même décision. Parmi tous ces pays, sept comptaient parmi les 10 principaux marchés d'exportation des produits du phoque du Canada.

Par cette plainte, le Canada continuera à dépenser des fonds publics pour une activité moribonde déjà fortement subventionnée (60 millions par année pour un revenu réel de 10 millions). En agissant ainsi, notre gouvernement maintient les chasseurs de phoque dans un perpétuel assistanat.

À l'heure actuelle, beaucoup de personnes doivent se reconvertir pour s'adapter à de nouvelles réalités économiques et à un marché du travail en constante évolution. Pense-t-on que les chasseurs de phoque n'en sont pas capables et ont comme seul avenir envisageable quelques journées de chasse par année? Pense-t-on que ces communautés locales sont figées dans l'immobilisme et ne possèdent aucun esprit d'entrepreneuriat?

Loin de ces préjugés condescendants et paternalistes, je crois au contraire qu'avec leur grande expérience de la nature et des animaux, leur connaissance du territoire et leur sens de l'accueil, beaucoup de chasseurs des Îles pourraient faire d'excellents guides touristiques et guides d'observation de la faune et de la flore. Et le télétravail? Pourrait-il être envisagé?

N'oublions pas que l'observation des baleines rapporte bien plus que ne le ferait leur chasse. Pourquoi n'en serait-il pas de même pour les phoques? Les deniers publics seraient mieux employés pour un tel développement durable qui tient compte de la conjoncture et des nouvelles tendances en matière de tourisme.

Notre gouvernement abandonnera-t-il son obstination illogique pour penser à l'avenir des populations locales? N'est-ce pas ce qu'on attend d'un gouvernement par rapport à n'importe quel secteur économique? C'est d'autant plus souhaitable que nous sommes en pleine crise et que les fonds publics devraient être utilisés de manière encore plus rationnelle qu'à l'habitude...

L'auteure réside à Rimouski.