Marcel Côté, de la firme Sécor, écrit dans La Presse du 14 juillet 2009 que la montagne rétrécit au profit du développement immobilier.

M. Côté erre d'emblée en affirmant que la propriété ne vaut que 10 millions de dollars. C'est faux. Le rôle d'évaluation de la Ville de Montréal fixe depuis plusieurs années la valeur de l'ancien Séminaire de philosophie à pas moins de 45 millions de dollars, alors qu'il est zoné institutionnel et impose le propriétaire en conséquence! Les «pôvres» Sulpiciens, comme il l'écrit, n'ont pas renoncé à leur propre patrimoine sans une juste compensation.

 

Les propos de M. Côté sur le sort qu'on doit réserver aux sites institutionnels sur la montagne sont désolants. Le débat a déjà été fait il y a plusieurs années grâce aux travaux de la table de concertation du Mont-Royal. Où était-il?

Il fait encore fausse route quand il prétend que le Plan de protection du Mont-Royal comporte une règle limitant la construction à ce qui est actuellement bâti. C'est une fiction de son esprit qui va directement à l'encontre du travail effectué par la Ville de Montréal et les institutions qui ont pris part à la Table de concertation.

Ces travaux ont mené à l'adoption du Pacte patrimonial, négocié entre la Ville et les institutions situées en bordure du Parc du Mont-Royal et qui ont consenti à protéger et à mettre en valeur des éléments patrimoniaux clairement identifiés. La montagne est aussi protégée par le Plan de protection qui assure que tout développement, hors du Parc du Mont-Royal, se fera de manière tout à fait concertée. N'est-ce pas ce que souhaite M. Côté?

Depuis 350 ans, les Sulpiciens ont toujours été des acteurs importants dans la préservation du patrimoine montréalais. C'est pourquoi ils ont participé activement aux travaux de la table de concertation du Mont-Royal.

Les Sulpiciens ont ainsi travaillé main dans la main avec la Ville de Montréal et le ministère québécois de la Culture pour que leur ancien domaine soit protégé: autant les arbres que l'ancien Séminaire lui-même. D'ailleurs, vous saviez qu'aucune institution publique et aucun gouvernement n'a voulu s'en porter acquéreur?

Le nouveau propriétaire a soumis un projet, respectueux de toutes les études réalisées, qui a franchi les étapes préalables. L'Office de consultation publique de Montréal a tenu cinq séances d'information et rendra une décision sous peu. Ensuite, les résidants du secteur seront consultés. Le processus est transparent et rigoureux.

M. Côté, la montagne est belle, parce qu'elle est vivante.

Jean-Pierre Morin

Avocat, l'auteur est conseiller juridique des Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal et membre de la table de concertation du Mont-Royal