Pauline Marois s'est inscrite en fin de semaine dans la parfaite lignée des chefs du PQ qui ne savent plus où donner de la sémantique pour relancer l'idée de la souveraineté. Nous voici maintenant devant le concept de l'indépendance morceau par morceau. Après le trait d'union de la souveraineté-association et le beau risque (Lévesque), après l'affirmation nationale (Pierre Marc Johnson), après le partenariat du référendum de 95 (Parizeau-Bouchard), après les circonvolutions de Bernard Landry sur le moment d'un référendum et la feuille de route d'André Boisclair, nous voici placés devant l'épreuve de la souveraineté à la pièce, une sorte de méthode IKEA de montage étape par étape de Pauline Marois. Nous allons finir par avoir besoin d'un mode d'emploi!

Bien sûr, il y a des domaines dans lesquels le Québec pourrait rapatrier plus de compétences. Ce n'est toutefois en rien une garantie qu'elles seraient exercées à la satisfaction des Québécois, comme on peut le constater en santé et en éducation, où les problèmes fluctuent d'un gouvernement à l'autre. Je présume que prélever tous nos impôts ne les fera pas diminuer! Mais en toute logique, l'objectif de Mme Marois n'est pas de réussir, mais d'échouer. Seuls les échecs répétés (voire souhaités) ou ce qui sera présenté comme tel pourront raviver la flamme vacillante de l'indépendance et la ferveur pour l'option du PQ.

 

Par contre si la tactique de Pauline Marois devait réussir et qu'elle obtient les pouvoirs revendiqués, les membres les plus durs de son parti ne manqueraient pas de lui rappeler qu'elle a laissé la proie pour l'ombre. C'est-à-dire qu'elle aura fait évoluer le fédéralisme dans le sens des intérêts des Québécois et, ce faisant, elle aura contribué à éloigner encore l'avènement de ce que son parti croit encore être l'indispensable indépendance. Ça ressemble davantage à un dilemme qu'à une tactique.

Dans l'esprit des membres les plus radicaux du PQ, plus n'est jamais assez! Mme Marois dit elle-même qu'elle cherche à revenir à l'esprit des années 70! On veut bien que le PQ en soit resté là, mais tout de même, qui peut affirmer que le fédéralisme a entravé le développement du Québec depuis 29 ans?

Les Québécois sont sages et n'importe quel sondage peut leur faire dire que le Québec devrait avoir plus de pouvoirs. Mais le même sondage révélera aussi, et dans une forte majorité, que ces descendants des Normands ne veulent rien savoir d'une rupture. Déguiser ce piège à ours en volonté de faire avancer le Québec ne trompera personne. Cette tactique, véritable camouflage de l'option, repose uniquement sur la vieille politique de l'affrontement. Ce n'est certainement pas le meilleur remède aux incertitudes économiques qui pèsent sur le Québec.

La proposition de Gérald Larose en appui à la manoeuvre de Pauline Marois de faire des référendums à répétition sur chacun des échecs appréhendés ne ferait pas avancer le Québec d'un pouce. Oui à l'évolution du fédéralisme, mais franchement, avec bonne foi, sans chercher à le dynamiter.

L'auteur est consultant en communication, ex-journaliste, conseiller des premiers ministres Daniel Johnson et Jean Charest et membre de l'Idée fédérale.