La vieillesse est une belle période de l'existence humaine. Je ne suis pas encore rendu à cette étape de ma vie mais, chaque jour, ma situation professionnelle me permet de côtoyer des dizaines et des dizaines d'aînés. Il m'est donc permis de m'inspirer de ce que je vois: c'est beau et bon d'être vieux!

Notre société - qui souffre de «jeunisme» - aurait intérêt à regarder de plus près le charme et la richesse de ceux et celles qui sont rendus au troisième et au quatrième âge de leur humanité.

 

J'apprécie au plus haut point l'intelligence des aînés: ils ont acquis une expérience inestimable que la société devrait mettre davantage à son service.

Vous me direz qu'ils sont conservateurs. J'avoue que c'est parfois vrai, mais il ne faut pas généraliser. Je connais des personnes âgées qui sont pas mal plus ouvertes que les «p'tits jeunes» qu'on dit très libéraux. Ce n'est pas une question d'âge, mais plutôt une attitude qui habite l'intériorité de l'humain. Je connais de jeunes vieux et de vieux jeunes.

Il me semble que les jeunes générations devraient profiter de l'expérience qu'ils ont acquise au fil des ans.

Jacques Ménard, président du conseil d'administration de BMO Nesbitt Burns et président de BMO Groupe financier (Québec), abonde dans la même voie que moi dans son livre: «Quand on montre la porte à des milliers de personnes en pleine possession de leurs moyens dans le secteur de la santé et de l'éducation, comme cela a été le cas il y a quelques années, on rate une belle occasion de transmettre du savoir et quelques expériences de vie. On constate ce que ça coûte aujourd'hui! Plusieurs d'entre nous avons acquis des actifs qui nous permettront de bien vivre et de continuer à contribuer à l'effort collectif.» (Jacques Ménard et Denis Bouchard)

N'est-ce pas un peu ce qu'écrivait, en d'autres mots, Simone Weil, dans l'Enracinement: «Il serait vain de se détourner du passé pour ne penser qu'à l'avenir. C'est une illusion dangereuse de croire qu'il y ait même là une possibilité. L'opposition entre l'avenir et le passé est absurde. L'avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien; c'est nous qui, pour le construire, devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même. Mais pour donner, il faut posséder, et nous ne possédons d'autre vie, d'autre sève, que les trésors hérités du passé et digérés, assimilés, recréés par nous. De tous les besoins de l'âme humaine, il n'y en a pas de plus vital que le passé.»

Il est temps de favoriser une collaboration entre les personnes âgées et ceux et celles qui prennent leur relève. Un jour, le vieux dicton pourra s'exprimer avec élégance: «Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.»

L'auteur réside à Saint-Jérôme.