C'est avec intérêt que j'ai lu votre lettre d'opinion et je conviens avec vous d'un certain nombre de vos commentaires. Pas assez d'infirmières, trop de lits fermés, des conditions à la limite du supportable, vous avez absolument raison. Vous, qui semblez suivre l'actualité et les sorties publiques de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), devez reconnaître que nous avons, à maintes reprises au cours des derniers mois, porté le flambeau tant pour les patients que pour le personnel hospitalier, dont les infirmières.

Dans le dossier du futur CHUM, nous nous sommes battus pour augmenter la desserte des soins offerts à la population: plus de lits, plus de salles d'opération, etc. Nous avons été le seul syndicat professionnel à demander des primes pour les infirmières des soins intensifs, de l'urgence et des blocs opératoires. Nous avons supporté haut et fort la reconnaissance des superinfirmières. Nous avons initié une tournée des blocs opératoires dans les hôpitaux du Québec pour augmenter leur efficacité, tournée s'étant d'ailleurs soldée par une augmentation du nombre de chirurgies effectuées et une diminution des listes d'attente. La FMSQ est d'ailleurs un des rares syndicats à prôner l'augmentation de la productivité de ses membres. 

 

Du côté social, nous n'avons pas hésité à dénoncer le projet de loi fédéral C-484 qui menaçait les droits acquis des femmes du Québec en matière d'avortement. Et j'en passe... N'est-ce pas là la conscience sociale et l'éthique professionnelle auxquelles vous faites référence?

Pour répondre spécifiquement à votre question: «Y a-t-il un spécialiste dans la salle?», je vous répondrai simplement qu'il y en a 8500 dont le quotidien est précisément de soigner les patients du mieux qu'ils le peuvent avec les moyens dont ils disposent. Je crois utile de préciser que les médecins spécialistes sont des travailleurs autonomes et non pas des employés salariés de l'État.

Je pourrais vous donner de nombreux exemples pour vous démontrer que les médecins spécialistes du Québec sont parmi les meilleurs au monde, côté cerveau, et que les soins qu'ils prodiguent avec coeur font la différence chaque jour. Malheureusement, et vous devez le savoir en votre qualité d'enseignante, il faut revendiquer de meilleures conditions et une rémunération comparable quand la situation est préjudiciable comme elle l'est pour plusieurs professionnels au Québec, dont les médecins. Que vous le vouliez ou non, l'humain s'attend à être traité avec équité et peut librement espérer améliorer son sort. Le dossier de la mobilité entre le Québec et l'Ontario en est un exemple et l'avenir dira qui avait raison.

L'auteur est président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec. Il réagit à la lettre de Johanne Mongeon publiée dans «La Presse» du 9 avril.