Je me suis presque étouffé en lisant les propos tenus par Tony Tomassi, le ministre de la Famille, dans La Presse cette semaine. M. Tomassi a dit que «la loi du marché « sera le meilleur des chiens de garde contre la hausse des tarifs des garderies non subventionnées. « Si un service de garde a des tarifs trop élevés, il n'y aura pas d'enfants dans sa garderie «, a-t-il dit. Que la commercialisation du discours politique est navrante ! Premier enjeu: la disponibilité. Ma femme et moi avons fait des démarches très récemment pour trouver une place en garderie pour notre fille. Il n'y a pas que les CPE qui ont des listes d'attente qui se calculent en années, les garderies privées aussi.

C'est plus facile de trouver des billets pour Arcade Fire qu'une place dans un service de garde. Nous avons dû visiter plusieurs fois par jour un site centralisé pour être informé de nouvelles places, voire de nouvelles garderies offertes dans notre quartier. Celle que nous avons trouvée a affiché complet en trois jours ! Pour être sûrs que notre fille ait une place, nous avons dû l'envoyer un mois plus tôt que prévu ! Si les tarifs augmentent à un endroit, quelles sont les alternatives quand tous affichent « complet « ?

 

Deuxième enjeu : le bien-être du bébé. C'est plus facile de changer de garagiste que de changer un enfant de garderie quand c'est trop cher. Un bébé a besoin de repères et de stabilité pour bâtir sa confiance. Si on doit commencer à trimballer un enfant d'un endroit à l'autre au gré des hausses de frais de garde, on risque d'insécuriser l'enfant et de rendre nerveux ses parents. Qui doit être servi par les décisions politiques, le citoyen ou le politicien? Au lieu de créer des événements de presse pour répéter les annonces faites par la ministre des Finances trois jours plus tôt surtout un dimanche, quand il fait beau et que les familles auraient intérêt à être dehors plutôt que de faire de belles scènes pour mettre en valeur les politiciens il serait mieux de travailler à concrétiser les nouvelles places subventionnées en garderie, qu'on nous annonce déjà depuis trop, trop longtemps.

Parler sans agir, cela n'aide pas à atteindre les objectifs de performance, comme on dit en affaires... Par ailleurs, M. Tomassi a souligné dans un communiqué la création d'un site web qui a trait aux listes centralisées des garderies dans certaines régions. C'est une source d'information additionnelle, mais cela ne constitue pas un guichet unique. Si au moins les fiches du site étaient remplies... Il y a tellement de services, de processus et d'intervenants, de chevauchements et d'oublis dans le processus entourant les services de garde, c'en est aberrant! Trouver une garderie est un emploi à temps plein une chance qu'il y a le congé parental ! Cela dit, merci pour le crédit d'impôt bonifié. Je pourrai récupérer un peu plus des 500$ par mois que me coûte le service de garde...

Jean-François Ferland

L'auteur réside à Montréal