À l'heure où Montréal est à la recherche de projets touristiques forts et où les gouvernements s'apprêtent à lancer de grands travaux d'infrastructures, le projet d'expansion de Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal, mérite d'être priorisé dans les choix gouvernementaux.

Cette mise en valeur de trésors patrimoniaux de la métropole, extraordinairement porteuse sur les plans éducatif, économique et touristique, allie le passé à l'avenir et associe les noms de Montréal, du Québec et du Canada à la muséologie internationale d'avant-garde.

 

Ce projet n'a rien d'improvisé. Élaboré dès l'an 2000, il n'attend qu'un feu vert pour être mis en chantier. Déjà, son étude de faisabilité a suscité de multiples appuis du milieu - citons la Ville de Montréal lors du Rendez-vous Novembre 2007 - Montréal, métropole culturelle et Tourisme Montréal.

Au Canada, c'est à Pointe-à-Callière - inauguré en 1992 au lieu de fondation de Montréal et seul grand musée d'archéologie au pays - qu'on retrouve le plus de sites et de bâtiments historiques reconnus d'importance nationale.

Dès 1993, le Musée a été salué par le Louvre comme l'un des cinq sites historiques majeurs du monde. Pourtant, les vestiges et artefacts remarquables qu'on peut y voir aujourd'hui ne sont que la pointe de... ce qui se cache sous l'asphalte de la place d'Youville, soit d'autres vestiges de première importance historique, qui témoignent de pages cruciales du développement de Montréal, du Québec, du Canada, de l'Amérique du Nord entière.

Ainsi, les vestiges fondateurs du fort de Ville-Marie lui-même (1642-1674) - une découverte exceptionnelle, récemment confirmée - et ceux du «château» du gouverneur de Callière; les vestiges du Parlement du Canada-Uni (1844-1849), où fut votée la loi du «gouvernement responsable»: dorénavant, les ministres seraient choisis parmi les élus. Enfin, courant sous toute la place d'Youville, les installations du collecteur de l'ex-petite rivière Saint-Pierre.

Idée folle que de rouvrir un ancien égout ensablé? Idée structurante, plutôt, puisque ce superbe ouvrage de pierre offrira un accès inoubliable au sous-sol d'un autre édifice patrimonial: celui des Douanes, sur McGill, où une salle d'exposition permettra enfin de faire connaître des trésors archéologiques du monde entier auxquels le Musée doit actuellement renoncer, faute d'espace.

La fréquentation annuelle du Musée - à l'étroit pour recevoir ses quelque 350 000 visiteurs dont 50 000 jeunes - et l'importance de ses réseaux nationaux et internationaux confirment aussi la pertinence d'un agrandissement.

Nos ancêtres ont traversé les temps difficiles en faisant preuve d'imagination. À notre tour, lançons un pont entre passé et futur. Saisissons cette chance extraordinaire de préserver un patrimoine unique pour les générations actuelles et à venir; d'exposer nos jeunes à un lieu où l'histoire existe «pour vrai»; d'intensifier nos liens avec les premiers peuples comme avec les nouveaux arrivants; d'offrir au public une expérience riche de sens et d'avant-garde - alliant art, archéologie et nouvelles technologies.

Partageons cette formidable richesse collective tout en créant des emplois grâce à un chantier d'infrastructures novateur et en faisant de cette «pointe» fondatrice un attrait touristique unique en Amérique du Nord.

Jean-Yves Leblanc

L'auteur a été président du conseil d'adminis-tration de Pointe-à-Callière de 2002 à 2008.