À deux jours de la visite de Barack Obama à Ottawa, on est en droit de se demander comment, en si peu de temps, le premier ministre du Canada saura, d'une part, concilier sa culture, plutôt républicaine, avec celle du président américain, et surtout rétablir les ponts d'une relation tortueuse.

D'autre part, le premier ministre saura-t-il trouver les arguments afin de convaincre de toute urgence M. Obama d'épargner le Canada des visées protectionnistes américaines?

 

Les deux hommes sont loin de partager les mêmes idées. Ils ont surtout mal débuté leurs relations.

On se rappellera qu'en plein coeur de la campagne à l'investiture démocrate, une fuite découlant d'une conversation privée sur une possible réouverture de l'ALENA, qu'on a attribué au bureau du premier ministre, a indisposé le candidat Obama. Personne ne sait encore jusqu'à quel point la mémoire du président est longue. Nous savons toutefois que les bonnes relations entre les nations se construisent principalement à partir de communautés d'intérêts, en partie également par une communion d'esprit des dirigeants et une certaine convivialité.

Ce n'est pas sur ce dernier aspect qu'en quelques heures, nous devons fonder nos espoirs sur un dialogue constructif dans nos relations économiques et commerciales avec les États-Unis.

Il faut donc se rabattre du côté d'un seul et unique objectif commun et immédiat : sortir au plus vite d'une des pires récessions. Et une des conditions sine qua non à la relance est de garder les frontières ouvertes. Le protectionnisme, l'histoire l'a démontré, ne peut faire partie des solutions à la crise économique.

Les arguments ne manquent pas afin de convaincre le président américain de mettre tout en oeuvre afin d'éviter au Canada des mesures protectionnistes, dont celles contenues dans le plan de relance (Buy American).

Économies intégrées

Le Canada et les États-Unis comptent parmi les économies les plus intégrées au monde. La valeur des échanges commerciaux bilatéraux entre les deux pays dépasse les 570 milliards par année. Près de 75 % des exportations canadiennes sont dirigées vers les États-Unis et 63 % de nos importations proviennent de nos voisins du Sud. Plus du tiers des échanges commerciaux se font sur une base intra-entreprise, témoignant ainsi du fort degré d'intégration entre les deux économies. Les investissements directs des Américains au Canada dépassent les 290 milliards de dollars en 2007 et ceux des Canadiens aux États-Unis sont à plus de 225 milliards de dollars.

À cause de cette interdépendance, nos destinées sont intimement liées. Des gestes faits à l'encontre du Canada pourraient simultanément nuire aux intérêts des États-Unis.

Il reste à savoir si le premier ministre du Canada saura retenir l'attention du président avec ces arguments et si ce dernier sera bien disposé et intéressé à les entendre.

L'auteur est économiste et conseiller principal au cabinet de relations publiques National, à Québec.