De l'avis unanime des membres de mon organisation qui ont communiqué avec moi à ce sujet, et dont plusieurs sont parmi les plus importants gens d'affaires du Québec, le gouvernement Charest doit établir le site du CHUM à Outremont. Il s'agissait d'ailleurs, me dit-on, du choix personnel de Jean Charest au départ. Si c'est le cas, le premier ministre devrait écouter ses bons instincts, et ce, rapidement, car le temps commence à manquer pour prendre la bonne décision.

Rappelons que le projet de construire le futur CHUM sur le site actuel de l'hôpital Saint-Luc a d'ailleurs fait couler beaucoup d'encre en 2008, notamment grâce au dynamisme de la Fédération des médecins spécialistes du Québec et de son président, le Dr Gaétan Barrette.

 

Le Dr Barrette a sévèrement critiqué les nombreuses lacunes du projet, dont la facture avoisine désormais les 2 milliards de dollars.

Comme chacun le sait, le site choisi par le gouvernement est enclavé et situé en zone de très forte densité urbaine, ce qui complexifiera toutes les opérations logistiques de construction, engendrant fort probablement des délais et des coûts additionnels non prévus. En raison de la complexité managériale du site et des différentes contraintes qui y sont associées, le projet risque de s'échelonner sur un horizon de six, voire sept ans.

Qui plus est, pendant la phase de démolition/construction, le chantier - puisque c'est de cela qu'il s'agit - nécessitera le transfert partiel ou total des activités du pavillon Saint-Luc dans les deux autres pavillons du CHUM. Dans l'état actuel de ces lieux, tous s'entendent pour dire que ce sera à peu près impossible. Autrement dit, il y aura rupture dans la livraison des soins et des services, et ce, à tous les niveaux. Ce transfert des activités, c'est-à-dire des médecins, du personnel, des patients, des équipements et du matériel représentera des coûts fort importants.

Il est à peu près acquis que le CHUM, tel que défini aujourd'hui et sur le site actuel, ne sera pas en mesure d'absorber la croissance des besoins liés au vieillissement de la population. Puisque les possibilités d'expansion seront limitées sur le site actuel, le CHUM sera rapidement condamné à la sclérose.

Ampleur des fonds publics

Compte tenu de l'ampleur des fonds publics qui seront investis, il faut impérativement que le CHUM retourne sur le site d'Outremont.

La gare de triage d'Outremont est un vaste terrain de 223 799 m2, entièrement libre de bâtiments à devoir exproprier ou démolir. Ce terrain appartient à l'Université de Montréal. Les voies ferrées, qui appartiennent au Canadien Pacifique, à Québec-Gatineau et à l'AMT, peuvent facilement être déplacées et réinstallées avant ou pendant les travaux de construction, sans nuire. Une garantie était prévue à cet effet dans l'offre d'achat de l'Université de Montréal déposée en 2004.

Dans leur étude déposée en 2005 comparant les sites de Saint-Luc et d'Outremont, Armand Couture et Guy Saint-Pierre concluaient que: «Outremont est le seul site qui offre des garanties de succès à la réalisation d'une technopole importante au Québec capable de cristalliser la réputation de Montréal dans les sciences de la santé tout en favorisant le rapprochement avec les initiatives fort probantes du secteur privé. Outremont est le seul site qui permet d'envisager, à court terme, une synergie importante entre la faculté de médecine et l'hôpital universitaire, avec des retombées importantes pour l'enseignement et la recherche en sciences de la santé. Outremont ne coûtera pas plus cher tout en présentant des risques moindres liés aux imprévus et à la réalisation du projet au 1000, rue Saint-Denis.»

En novembre 2003, SNC-Lavalin déposait plusieurs études de faisabilité concernant le projet du CHUM sur le site du 1000, rue Saint-Denis. Elles convergeaient toutes vers une conclusion: ce site représente des risques majeurs à tous les niveaux. Quant à la supposée dangerosité du site Outremont - un argument souvent invoqué pour le discréditer -, SNC-Lavalin écrit que celui-ci était en fait plus sécuritaire que le 6000, rue Saint-Denis et plus sécuritaire que le 1000, rue Saint-Denis.

Monsieur le premier ministre, la sagesse et la raison militent pour un retour au site d'Outremont et je me permets ici d'espérer une réponse favorable de votre part.

L'auteur est président du Conseil du patronat du Québec (www.cpq.qc.ca).