Madame Marois, je veux d'abord vous dire, de prime abord, que je suis d'accord avec votre idée de ne pas lier automatiquement «prise de pouvoir et référendum».

Cependant, aussi logique que soit cette décision, elle risque fort de nous faire reléguer aux oubliettes la dynamique de l'indépendance, le rêve du pays à construire.

Après deux semaines, notre campagne électorale piétine, notre discours ressemble à s'y méprendre à celui de nos adversaires. La valse des millions poursuit sa folle envolée d'un côté comme de l'autre. Pourquoi les gens changeraient-ils l'équipe au pouvoir présentement, si c'est blanc bonnet et bonnet blanc? Nous traînons dans les sondages, nos troupes sont trop souvent sceptiques, désabusées.

Prendre le large

Permettez que je vous dise, chère madame, que le temps est venu d'élever le débat, d'ouvrir les horizons, de larguer les amarres, comme on dit en Acadie.

Il nous faut parler de souveraineté, madame. La mentionner au début, au mitan et à la fin de tous vos discours. Nous devons inviter nos compatriotes à se prendre en mains, à se surpasser, à venir au monde, à être, à exister.

Osons, madame, demander au peuple québécois de nous élire parce que nous avons «l'audace d'espérer» en un Québec souverain, un Québec ouvert sur le monde, un Québec «who cares», un Québec où les gens de toutes races et de toutes couleurs s'entraîdent, prennent soin les uns des autres. Un Québec où tous ses citoyens unissent leurs efforts et travaillent ensemble au projet si emballant de devenir, tous ensemble, les habitants d'un monde nouveau.

Crise financière, pouvoir et souveraineté

Il nous faut parler avec franchise, dire au monde que nous n'avons pas les solutions à tous les problèmes, ni d'un coup de baguette magique ni à coups de millions. Mais leur promettre de remuer mer et monde pour devenir le meilleur gouvernement que le Québec ait jamais connu. Notre objectif sacré sera, si vous nous confiez le pouvoir, de créer un Québec fort, un Québec soucieux des problèmes quotidiens et concrets de tous ses citoyens, des pauvres et des déshérités, des «damnés de la Terre» dont nous n'osons plus parler; de ces jeunes décrocheurs qui peuplent nos parcs publics, de ces femmes qui doivent attendre de 6 à 12 mois pour une opération du cancer du sein; de ces ouvriers et ouvrières dont le pouvoir d'achat n'a pas augmenté dans les 30 dernières années.

Non, nous ne ferons pas de miracles. Nous vous promettons seulement de diriger le Québec avec toute la ri-gueur et la responsabilité propres à un pays souverain. Tous ensemble, nous construirons un Québec fort, socialement, économiquement, prêt à accéder un jour au plein épanouissement de son être, à sa naissance au monde.

Parsemez tous vos discours de ces idées et de ces principes, chère madame. Redonnez le goût de prendre le pouvoir pour changer le monde. Je vous gage que les Québécois répondront à l'appel.

L'auteur est un ex-président du Parti québécois de L'Assomption.