La situation économique mondiale est troublante. L'ancien président de la Federal Reserve, Alan Greenspan, est stupéfait du tsunami qui frappe le monde entier.

À cause des liens très étroits entre les marchés financiers, la crise s'est rapidement répandue partout dans le monde, mettant en péril plusieurs grandes institutions financières et nécessitant le secours des gouvernements de nombreux pays. (...)Selon L'OCDE, le Canada est l'un des pays du monde qui se tireront le mieux de la crise qui sévit sur la scène internationale, grâce à ses ressources naturelles abondantes, sa dette nationale en baisse, son régime bancaire rigoureux et son économie diversifiée. Cependant, le Canada est déjà fortement secoué par la chute des marchés des matières premières et du pétrole. À parité il y a peu de temps, le dollar canadien a déjà perdu plus de 25% de sa valeur face au billet vert américain! Le gouvernement de l'Ontario a annoncé des compressions et prévoit un déficit budgétaire.

Au Québec, il y a des secteurs industriels (tels que celui de la transformation de produits forestiers) et des régions, plus durement touchés que d'autres. Les entreprises orientées vers l'exportation ainsi que le secteur financier ressentent fortement le ralentissement. Les fonds d'épargne retraite fondent. De plus en plus de citoyens sont inquiets de leur avenir: pertes d'emploi, baisse du chiffre d'affaires, faillites...

Les mois qui viennent exigeront l'intervention des gouvernements du Québec et du Canada afin de mettre en place les mesures permettant d'atténuer l'impact de la crise économique mondiale, de protéger les avoirs des épargnants, de faciliter l'accès au crédit et de préserver le plus grand nombre d'emplois possibles. Même dans une économie de marché l'État a un rôle indispensable de stabilisation et de stimulation de l'économie durant une récession.

Gouvernement minoritaire

Dans ce contexte, le gouvernement minoritaire du Québec pourrait-il jouer pleinement son rôle à l'heure actuelle? Pourrait-il aller de l'avant avec les mesures qui pourraient être nécessaires, surtout si la récession s'avérait plus grave que prévu? Il devrait miser sur un esprit de collaboration très étroit des autres partis d'opposition à l'Assemblée nationale, ce que l'on ne peut prendre pour acquis. Il risquerait fort bien que la partisannerie et les chicanes prennent le haut du pavé.

Un gouvernement minoritaire est sujet à des pressions, souvent divergentes, des partis de l'opposition. Lors de son dernier mandat, le gouvernement Charest a adopté de nombreuses politiques économiques très valables: réduction du fardeau fiscal; élimination de la taxe sur le capital pour les entreprises; programmes importants de restauration et construction d'infrastructures; investissements dans les ressources énergétiques et certains programmes de soutien ciblés à certains secteurs économiques. Or ces mesures ont souvent été adoptées en dépit de débats houleux et d'une opposition ferme des partis formant l'opposition officielle à Québec.

Durant une récession, et en vue du climat d'incertitude qui l'accompagne, les tergiversations et tractations politiques seraient intolérables car elles accroîtraient l'instabilité.

Durant une période d'incertitude il est préférable d'avoir un gouvernement qui peut agir et qui en a reçu le mandat de la population. Par conséquent, il serait sage de déclencher des élections dans l'immédiat plutôt que d'attendre à plus tard.

Des élections maintenant offriraient l'avantage de pouvoir débattre des mesures à prendre afin de contrer l'impact de la récession. La population pourrait alors mieux choisir le gouvernement qu'elle juge être le plus apte à gouverner. L'enjeu actuel au Québec, c'est la stabilité économique.

L'auteur est professeur à l'Université Carleton où il enseigne l'économie et la finance.