J'habite le Plateau-Mont-Royal depuis 20 ans. Bien avant que ça soit «in» d'y habiter, bien avant les belles boutiques et les épiceries fines qui parsèment l'avenue Mont-Royal entre deux cafés.

En achetant un triplex au milieu des années 90 dans le quartier, j'ai fait le pari que je pourrais y élever ma petite famille. Je sentais que j'allais y arriver, jusqu'à tout récemment. Depuis le printemps, je sens qu'on me montre subtilement la porte.Tout a commencé par une banale contravention au mois de mai, tout juste devant chez moi alors que je franchissais le seuil de la porte. J'avais soustrait temporairement ma voiture du côté de rue que la ville nettoie à heure fixe le temps que le balai mécanique fasse son travail. À moi de respecter l'heure complète, m'a-t-on lancé sèchement. Une première pour moi en 20 ans.

Ensuite vint la lecture du plan de déplacement urbain du Plateau. Résolument tourné vers tous les modes de transport alternatif, ce plan vise à limiter les déplacements en voiture dans le quartier. À la fin de la lecture du document, j'avais le sentiment que l'on créait deux classes de citoyens sur le Plateau. Les vertueux à vélo et les indésirables en auto. Même si je conduis une compacte familiale (et non une mini-fourgonnette), je devenais tout d'un coup un résidant nuisible pour mon environnement, nuisible pour mes voisins, nuisible pour mon quartier tout entier.

Vous ai-je dit que j'ai trois enfants? Une école, une garderie, les cours de danse, l'aréna, la piscine? Vous ai-je dit que les activités de mes enfants se chevauchent? Vous ai-je dit aussi que je me demande encore comment transporterais-je un équipement de gardien de but dans un autobus qui ne passe même pas près de l'aréna ou encore la télé au plasma achetée sur l'avenue Mont-Royal? Vous ai-je dit aussi que je fais 90% de mes courses à pied?

Hier encore, on m'a remis une contravention pour non-respect de l'heure dédiée au nettoyage des rues. Mais cette fois on a poussé un peu plus l'arrogance en me la remettant six minutes avant la fin de cette heure et tout juste après que je me sois garé. La rue était balayée! Pour qui suis-je nuisible à cette heure?

Je vais donc devoir encore payer. Comme ma vignette de stationnement d'ailleurs. Ce harcèlement est-il dû à la mise en place du plan de circulation? Veut-on m'éduquer en me forçant à vendre mon auto? Tout ce que je peux vous dire, c'est que les politiques et la façon de faire appliquer les règlements (même à l'encontre du gros bon sens) sont en train de me montrer tranquillement la porte de mon cher quartier.

J'ai bien compris le message... EXIT du Plateau les autos et la famille qui ne peut s'en passer.

L'auteur est un Montréalais.