Jeudi, l'événement international «en ville sans ma voiture» se déroule à Montréal pour une neuvième année consécutive.

Alors que le nombre de voitures en circulation augmente plus vite que le nombre d'habitants, n'existe-t-il pas des solutions plus concrètes pour sensibiliser la population à abandonner la voiture?

Calqué sur le modèle européen où il a été officiellement instauré en 1998, le mouvement international «en ville sans ma voiture», se veut l'investigateur d'un autre mode de déplacement urbain.

Son but: sensibiliser la population aux effets négatifs de l'utilisation abusive de l'automobile et de promouvoir les transports en commun.

Neuf ans après son instauration, le constat est triste et implacable. Le périmètre rétrécit d'année en année et le temps de fermeture des rues se réduit. Quelle belle supercherie!

L'opération n'a plus qu'une valeur symbolique ponctuée d'activités et d'évènements locaux. Et la situation se généralise dans les autres villes mondiales participant à l'opération.

Il est frustrant de constater qu'à l'heure où l'accent devrait être mis à l'élaboration d'un bien-être urbain, aucune action réelle et concrète n'est entreprise.

Plusieurs facteurs à cela. Prenez une Société des transports de Montréal incapable, pour promouvoir et développer ses services, d'avoir l'audace d'instaurer une journée gratuite pour encourager la population à découvrir une alternative de transport?

Saupoudrez avec une population «auto-centrique» inapte à tronquer le confort de la voiture pour se rendre au travail ou effectuer quelques déplacements aussi proches soient-ils.

Assaisonnez le tout avec des commerçants bornés et frileux à l'idée de l'instauration de rues piétonnes - la rue Mont-Royal étant le dernier exemple en date - alors que des études n'établissent aucune conséquence néfaste sur leurs chiffres d'affaires.

Et en guise de crémage, des politiciens et des pouvoirs publics passifs et totalement apathiques, derrière leurs grands discours symboliquement écologiques utilisés à des fins purement électoralistes.

Résultat : vous vous retrouvez face à cette désespérante immobilité. Nous construisons lentement notre cercueil. La voiture envahit nos rues, inonde nos poumons de sa respiration crasseuse, échauffe nos oreilles de sa sonorité dissonante, mais malgré tout de plus en plus de ses poubelles envahissent nos artères.

Allez comprendre!

Allez comprendre les 90% d'automobilistes qui circulent seuls le matin dans leur voiture pour se rendre au travail. Est-il si nécessaire de prendre sa voiture quand on sait que :

- Un abonnement annuel au transport en commun entraine un gain de 5000 $ pour celui qui décide de ne plus avoir de voiture.

- Le transport dans les centres urbains engendre la pollution de l'air, responsable du smog, entraînant les maladies respiratoires que subissent nos enfants et nos parents.

- Le vrombissement d'une automobile peut atteindre plus de 80 décibels à certains carrefours très fréquentés, ce qui selon l'Organisation mondiale de la santé, rend à ce niveau-là, une personne agressive, ajouté aux autres impacts nocifs sur la santé: tels les déficits auditifs, les perturbations du sommeil ou encore des effets cardio-vasculaires.

Économie et santé

Aimons-nous détériorer notre qualité de vie tant que cela?

Plus d'un million de véhicules transitent quotidiennement à Montréal. Tous ces automobilistes ont-ils réellement besoin de prendre leur voiture pour se déplacer? Permettez-moi d'en douter.

Des études scientifiques établissent une diminution de 50% de la pollution sonore et de 40% de la pollution atmosphérique lors de la journée sans voiture en milieu urbain.

Qu'attendons-nous pour instaurer des rues piétonnes et développer des milieux de vie attractifs, pour limiter la circulation du centre-ville aux seuls livreurs et taxis (on contrerait en plus la sédentarité), pour instaurer des péages aux entrées des villes, pour développer concrètement le transport en commun avec des tarifs abordables sans augmentation annuelle qui refroidissent beaucoup de personnes?

L'écologie est au centre des discours, et d'une importance cruciale et vitale. Malheureusement aucune personnalité politique, aucun parti n'ose instaurer des décisions concrètes. Les belles paroles ne sont pas suivies pas d'actes.

La manifestation de ce 22 septembre en est la triste illustration.

Et moi, je rêve d'un centre-ville exempté de voitures, vierge de bruit, ou le danger de me faire renverser serait nul et occulter par le plaisir de voir la population prendre possession de l'espace urbain.

Je rêve... toujours et encore.