Guy Laliberté a récemment participé à l'émission Tout le monde en parle afin de vanter les bons coups de sa fondation One Drop, qui se préoccupe de l'accès à l'eau potable dans le monde. Il nous a fait comprendre qu'à chaque huit secondes, un enfant meurt sur la planète car il n'a pas accès à de l'eau propre et du même coup, il déplore le fait que nous gaspillons cette ressource qui n'est pas inépuisable.

Contrairement à plusieurs pays du monde, le Canada est un pays riche en eau douce et il est peut-être compréhensible que nous ayons tendance à tenir cette ressource pour acquise mais il faut changer ses habitudes et éduquer les gens. Il faut se rendre à l'évidence que dans la plupart des maisons canadiennes, il suffit d'ouvrir le robinet pour que l'eau coule facilement dans les cuisines, les salles de bain et les salles de lavage. Par contre, l'eau de consommation a un coût car l'eau fournie par la municipalité provient habituellement d'une source et est traitée chimiquement avant qu'on la consomme et est ensuite traitée de nouveau avant de retourner dans l'environnement.Lorsque le printemps arrive, nous voyons apparaître les «gaspillos nimbus» qui jouissent à l'effet de laver l'entrée, la maison, l'auto, le patio, d'aider Dame Nature à faire fondre la neige et d'arroser la pelouse qui n'a pas encore commencé sa croissance. Plus de 50 p. 100 de l'eau utilisée pour les pelouses et les jardins est perdue en raison de l'évaporation ou de l'écoulement dû à l'arrosage excessif.

Dans un monde idéal, la gestion de l'eau ne poserait aucun problème. Mais l'homme détruit continuellement la qualité de l'eau. Par exemple, le fleuve Saint-Laurent est rempli de médicaments que les usines d'épuration n'arrivent pas à éliminer. Les lacs se meurent à cause de l'agriculture et des aciéries qui rejettent des poussières et des acides. Les poissons sont affectés par le mercure. « Le changement de comportement ne vient pas du coût, il vient de l'éducation »,

L'eau est plus qu'une ressource naturelle importante, c'est surtout un bien essentiel à la survie de l'homme et de tous les êtres vivants et c'est l'élément de base de la vie. La gestion de l'eau doit aussi prendre appui sur le principe du " développement durable ", d'où la nécessité d'une gestion prudente, rationnelle et intégrée de l'eau et de ses usages.

Toutefois le pire gaspillage d'eau provient des réseaux de distribution québécois qui connaissent des problèmes importants de perte d'eau potable (fuites) et des problèmes d'approvisionnement et de restriction en période d'étiage. Si les gouvernements subventionnent à coup de centaines de millions pour la construction de gazoducs afin d'alimenter les municipalités pourquoi ne font-ils pas de même pour l'amélioration des aqueducs ?

Il faut donc développer une politique de conservation de l'eau à l'échelle québécoise, régionale et municipale et prévoir un programme de surveillance et de contrôle du gaspillage de l'eau, à la fois auprès de la population en général et auprès des usagers agricoles et industriels.

Les municipalités doivent mieux contrôler les fuites d'eau de leurs réseaux et améliorer l'efficacité du système de distribution, avant d'augmenter le prélèvement pour répondre à une demande croissante. Les autorités responsables doivent prévoir à moyen terme des budgets de réfection de leurs réseaux de distribution pour assurer la longévité et l'amélioration des infrastructures municipales.

L'idée que l'implantation de compteurs d'eau résidentiels ferait diminuer la consommation d'eau des citoyens est sans fondement. Il faut comprendre que nous payons déjà pour l'eau généralement par le biais de la taxation foncière. En effet, il a été démontré que la simple installation de compteurs d'eau n'a pas d'impact significatif sur le volume de consommation dans les résidences. La consommation d'eau dans les résidences est structurelle et c'est plutôt par la réglementation et la sensibilisation que nous pouvons avoir un impact sur la consommation d'eau. C'est plus efficace et moins coûteux.

Une campagne de sensibilisation menée en parallèle à la réglementation et préconisant une utilisation judicieuse de l'eau lors des soins corporels, permettrait d'obtenir un impact significatif et durable sur les comportements.

L'auteur réside à Québec.