Les Jeux olympiques rappellent de mauvais souvenirs. La « magie des Jeux » a été dès le départ brisée par ce qu'on appelle encore aujourd'hui la saga des Jeux de Montréal avec son cortège de scandales.

Sa nomenclature a déjà fait l'objet de quantité d'oeuvres, mais mentionnons les principaux scandales : fraudes systématiques de nombreux entrepreneurs et fournisseurs, détournements de fonds et favoritisme du COJO, abus et chantages syndicaux comptent parmi les mieux documentés.

Ajoutons une forte dose d'incurie politique et de mégalomanie, mot qui s'est d'ailleurs ajouté à mon vocabulaire d'adolescent en même temps que se multipliaient les promesses oiseuses de Jean Drapeau, dont celle d'un stade et de Jeux autofinancés. Pour la postérité, mentionnons que nous avons collectivement mis plus de 30 ans à payer ce stade qui attend maintenant qu'on lui trouve une vocation, en plus des centaines de millions nécessaires à sa rénovation.

Le bilan sportif n'est guère plus reluisant.

Les Jeux de Montréal marquent un tournant dans l'histoire en matière de dopage alors que le monde entier a pour la première fois découvert des contingents entiers d'athlètes usant de stéroïdes, comme ces fameuses nageuses est-allemandes dont l'adolescent maigrelet que j'étais rêvait d'avoir la carrure. C'est tout dire...

Quant à la petite reine des Jeux de Montréal, la Roumaine Nadia Comaneci, j'ai toujours des hauts le coeur en la voyant s'exécuter sur la poutre ou à la barre fixe sur des images d'archives censées nous rappeler ses éblouissantes performances.

Ces performances, comme elle l'a si bien rappelé par la suite, étaient en réalité le produit d'un régime étatique qui avait broyé son enfance. Par ailleurs, a-t-on besoin de rappeler que le Canada a eu l'insigne honneur de devenir le premier pays hôte des Jeux à être incapable de gagner la moindre médaille d'or. Comme héritage sportif, on a déjà vu mieux...

LENDEMAIN DE NOCES

L'ado que j'étais au milieu des années 70 se rappelle aussi que l'époque était marquée par une certaine légèreté et une confiance en l'avenir qui a semblé s'évanouir au fur et à mesure qu'on faisait le bilan des Jeux. Passés si près de la catastrophe (on croyait quelques mois avant les Jeux être incapables de les tenir tant les retards de construction semblaient catastrophiques), comptant les zéros qui s'allongeaient sur la facture, nous ressemblions collectivement à ces jeunes mariés qui finissent leur nuit de noces en dégueulant dans les toilettes.

Montréal semble encore aujourd'hui assommé par la saga des Jeux. Quand je vois ces infrastructures en lambeaux, ces chantiers qui n'en finissent plus, ces trous dans nos rues. Comme si tout avait commencé là. Comme si les Jeux olympiques nous avaient à jamais enlevé la foi en nous-mêmes, le goût d'entreprendre et l'envie d'exceller. Notre incurie, notre laxisme, notre impuissance collective, est-ce bien ça le legs des Jeux de Montréal ? J'en ai bien peur...