Dans les dernières semaines, les médias ont choisi d'attirer notre (déficit d') attention vers une réalité qui n'a rien de nouveau, mais qui a très certainement tout de hideux.

« Le gouvernement libéral a décidé d'abandonner nos filles », a lancé la députée péquiste d'Hochelaga, Carole Poirier. « Chaque jour, des dizaines de jeunes filles se font passer sur le corps par des hommes inqualifiables, dans des motels miteux. Qui a décidé de ne rien faire ? », a-t-elle martelé à la période de questions.

La logique partisane étant égale à elle-même, il s'en trouve plusieurs aujourd'hui pour préférer montrer du doigt le gouvernement pour ne pas en avoir « fait assez ».

Parce qu'évidemment, c'est la faute du gouvernement si des enfants doivent être envoyés dans un centre jeunesse.

Parce qu'évidemment, les autorités qui demandaient plus de fonds étaient capables de nous offrir un scénario dans lequel moins d'adolescentes allaient se faire exploiter.

Parce qu'évidemment, ces mêmes autorités sont déjà débordées par des priorités bien plus pressantes - le respect du Code de sécurité routière, entre autres - que l'exploitation sexuelle des adolescentes dans les centres jeunesse.

Parce qu'évidemment, tous les secteurs qui dépendent du financement gouvernemental étaient prêts à s'amputer d'une part de leur budget pour financer les demandes des autorités.

Parce qu'évidemment, les différents syndicats toujours en négociation vont faire une offre demain au gouvernement pour dégager une marge de manoeuvre nécessaire à financer tous les projets qui font l'objet d'une crise médiatique.

Parce qu'évidemment, le gouvernement a les ressources nécessaires pour financer toutes les solutions, efficaces ou non, pour avoir l'air d'en faire « assez ».

Parce qu'évidemment, le gouvernement actuel est le premier à couper là où ça fait mal au nom d'une rigueur budgétaire au moins aussi austère que les banquiers qui nous financent.

Parce qu'évidemment, le gouvernement actuel est le premier à être élu sous le thème de la rigueur budgétaire.

Il n'existe qu'une seule réponse valable à la question posée par la députée d'Hochelaga.

Nous tous.

Parce qu'en fin de compte, le problème que tout le monde semble vouloir ignorer, c'est que des adolescentes finissent par penser avoir un avenir plus prometteur aux côtés de proxénètes plutôt qu'en continuant leur suivi social avec le système de protection de la jeunesse.

C'est clair que c'est avec des portes barrées, une nouvelle escouade de policiers et je ne sais combien d'autres millions morcelés dans chacun des centres qu'on va arriver à les convaincre du contraire.

Pensée magique, quand tu nous tiens...