Au cours des dernières semaines, nous avons assisté à d'horribles attaques perpétrées par des extrémistes, du Pakistan au Burkina Faso, de Jakarta à Istanbul. Dans certains cas, nous avons appris que des Canadiens étaient parmi les victimes.

À la suite de ces terribles attaques, menées prétendument au nom de l'islam, une question fondamentale se pose. Pourquoi les groupes islamistes radicaux parviennent-ils à recruter des musulmans locaux pour mener de telles attaques ? Pourquoi trouvent-ils des individus dans ces pays et qui sont ensuite manipulés pour attaquer, bien souvent, les leurs ? Est-il possible que certaines idéologies ou certains courants de pensée aient pu s'infiltrer dans les écoles islamiques traditionnelles ?

Nul doute que l'écrasante majorité des musulmans condamne le terrorisme et rejette de façon catégorique tous les groupes extrémistes. Cependant, un sondage du PEW Research Center de novembre 2015 a montré qu'une infime minorité de citoyens dans certains pays musulmans, notamment le Pakistan, le Nigeria ou l'Indonésie, ont une opinion favorable du groupe État islamique (EI).

Même si le pourcentage est faible, les chiffres sont alarmants. Une proportion de 4 % de la population de l'Indonésie se traduit par environ 10 millions de personnes. Même la moitié de ce pourcentage représenterait un terrain fertile pour les groupes terroristes.

Alors que la majorité des musulmans croient que le sens du djihad est un combat pour se réformer soi-même, il existe une partie du clergé musulman prêchant un discours violent et terroriste. La violence et le terrorisme sont perpétrés dans de nombreux pays musulmans au nom du soi-disant djihad.

L'idée de mener des guerres en raison de différends religieux ou pour convertir les autres de force doit s'arrêter.

À moins que les pays musulmans s'unissent et prennent des mesures concrètes contre ces prédicateurs prêchant la violence, ce problème ne va pas disparaître. Des mosquées et des extrémistes dans ces pays musulmans vont continuer à fomenter la haine dans la société.

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L'émancipation et l'égalité des droits des femmes dans les pays musulmans sont un moyen concret de lutter contre les extrémistes. Les obligations et restrictions vestimentaires pour les femmes doivent cesser. Les récits de port obligatoire de voiles ou de burqa dans certains pays musulmans ne sont guère différents de ce que les terroristes prêchent.

Il appartient donc aux leaders des pays musulmans de contrer ces genres d'actions et mettre fin à ces abominations. Car le bilan des droits des femmes dans plusieurs pays musulmans continue d'être épouvantable. Cela doit changer dès maintenant.

L'un des problèmes les plus fondamentaux que nous constatons dans certains pays musulmans est la question de la liberté d'expression et du blasphème. Ce sont des questions qui mettent certaines sociétés musulmanes au même niveau que les groupes terroristes.

La liberté d'expression doit être soutenue. L'idée d'emprisonner les gens pour leurs opinions doit être abolie. Le cas de Raif Badawi, en Arabie saoudite, est assez troublant en ce sens.

De plus, la loi sur le blasphème au Pakistan continue d'être utilisée par des religieux extrémistes pour faire taire leurs détracteurs. Notre propre communauté, la Communauté musulmane ahmadiyya, en a été victime. Si des pays comme le Pakistan continuent de persécuter les communautés minoritaires comme les musulmans chiites, les musulmans ahmadiyya et les chrétiens, ils vont continuer à faciliter la tâche des groupes comme l'EI pour attirer les jeunes musulmans.

Quand un musulman pakistanais voit l'EI faire, à grande échelle, ce qui est fait dans sa communauté à une plus petite échelle, les chances qu'il soit attiré par les terroristes deviennent d'autant plus élevées.

Ainsi, la véritable solution pour vaincre l'EI viendra de la majorité musulmane elle-même.

L'écrasante majorité des musulmans considère déjà ces groupes comme une perversion de la foi. Mais pour démanteler complètement l'organisation et ses différentes incarnations, et ainsi enlever leur pouvoir d'attraction, nous aurons besoin d'aller plus loin. Pour cela, nous devons identifier tous les facteurs qui produisent l'extrémisme dans les sociétés musulmanes.

Si les gouvernements de ces pays ne reconnaissent pas les facteurs qui encouragent les idéologies extrémistes dans leurs propres sociétés et n'arrêtent pas les prédicateurs qui la prêchent, l'EI et ce genre de groupes continueront à trouver un terreau propice.