Que faire pour aider les pauvres de notre société ? Les appauvrir davantage ? Cette solution paraît inacceptable pour la plupart d'entre nous. C'est pourtant cela que Sam Hamad, ministre de la Solidarité sociale - un titre bien mal choisi dans les circonstances - propose avec le projet de loi 70 : couper de moitié les prestations actuelles de 620 $ par mois pour les nouveaux demandeurs à l'aide sociale qui ne s'inscriraient pas à un parcours d'insertion ou refuseraient un emploi loin de chez eux.

Malgré la diminution importante du nombre d'assistés sociaux depuis une vingtaine d'années, le gouvernement trouve qu'il y en a encore trop. Nous aussi. Nous différons toutefois entièrement d'avis sur les moyens à prendre pour permettre à ces personnes de sortir de la pauvreté. Le gouvernement libéral choisit d'utiliser la menace et la punition. Nous proposons l'accompagnement adéquat de ces personnes en difficulté, souvent des jeunes, par le biais d'un parcours volontaire et adapté à leur réalité sociale difficile.

Pourquoi certains jeunes refusent-ils, dans un premier temps, de s'inscrire à un parcours d'insertion à l'emploi ? Parce qu'ils ont des problèmes. Parce qu'ils sont en détresse et ont une très piètre estime d'eux-mêmes. Parce qu'ils ne croient pas en leurs chances de succès. C'est cela qu'il faut régler d'abord, et des dizaines d'organismes s'y emploient déjà ! Des organismes souvent sous-financés (air connu !) qui soutiennent et encadrent des jeunes qui finissent par s'en sortir avec une aide professionnelle... et beaucoup d'amour !

Couper les chèques de ces jeunes ? Aberrant ! Il leur deviendra carrément impossible de payer leur loyer avec 310 $ par mois, encore moins de se nourrir, de se vêtir ou de payer leur compte d'électricité. Plusieurs se retrouveront à la rue avec tous les problèmes que cela implique. Difficile de croire dans les circonstances que cela les aidera à trouver un emploi. Plutôt que de les aider, le gouvernement leur met un bâton additionnel dans les roues.

Les 6 millions que le gouvernement croit épargner sur le dos des plus pauvres de notre société sont donc des miettes en comparaison avec les coûts additionnels que leur abandon occasionnera à l'État : frais de santé et d'hospitalisation, prise en charge des sans-abris, criminalité additionnelle, etc.

Quand des politiciens au pouvoir proposent des réformes comme celles-ci, ils laissent entendre que les assistés sociaux sont des profiteurs qui vivent aux crochets de l'État et refusent de travailler par paresse.

Il n'est donc pas surprenant de lire un sondage, comme celui de la Commission des droits de la personne la semaine dernière, qui démontre que la moitié de la population québécoise a une mauvaise opinion des assistés sociaux. Jetons nos préjugés à la poubelle et forçons le gouvernement libéral à reculer !

Une aide de dernier recours ne devrait en aucun temps être coupée. Ce subside de l'État est un minimum déjà indécent puisqu'il permet à peine à nos concitoyens les plus pauvres de survivre. Assumons collectivement ce geste de solidarité envers les plus démunis d'entre nous. Qui peut savoir lequel d'entre nous aura un jour besoin d'une aide de dernier recours ? Nelson Mandela disait : « Vaincre la pauvreté, ce n'est pas un geste de charité, mais de justice sociale ». 

Loin des coupes stupides, proposons un revenu minimum garanti pour tous les citoyens et toutes les citoyennes du Québec. C'est une question de dignité.