« Le rapport montre clairement que le conseil d'administration et l'équipe de direction auraient pu faire davantage. Je tiens à présenter sincèrement nos excuses. Nous assumons tous ce manquement et nous sommes navrés, nous avons laissé tomber nos employés. »

Cette déclaration de la nouvelle présidente du Comité olympique canadien (COC), l'ex-avironneuse olympique Tricia Smith, tout en ajoutant aussi que l'organisation doit se soumettre à des normes plus élevées, donne froid dans le dos.

Le COC est l'organisation phare du sport amateur au Canada. Elle est le modèle des fédérations sportives. Nous pouvons dire que la gouvernance de cet organisme est tout ce qu'il y a de plus « amateur » dans l'organisation du sport.

Dans cette situation scandaleuse mise au jour par la dénonciation d'une simple employée, il y a une démonstration éclatante d'une totale absence de prise en charge de responsabilités des administrateurs du COC. Qui sont ces personnes qui se cachent derrière une nouvelle présidente appuyée d'une firme de relations publiques ? Ces personnes sont-elles imputables des situations de harcèlement sexuel subies par des employées ?

Existait-il une « culture organisationnelle » qui tolérait les situations de harcèlement ? Des mécanismes existaient-ils afin de pouvoir déceler ces situations ?

Comment se peut-il qu'une situation connue de tous fût ignorée par la gouvernance de cette organisation de sport amateur au Canada qui génère des millions en revenus de toutes sortes ?

Les questions de cette triste histoire, qui doivent être éclaircies pour qu'elle ne se reproduise plus, sont : combien de vies humaines ont souffert de cette situation abjecte de harcèlement ? Quels sont les dommages subis par ces victimes ? Quel soutien doit être offert à celles-ci ?

Le COC peut devenir le modèle de gouvernance qu'il se doit d'être par les gestes courageux qu'il osera poser. Les excuses sont trop rapides. Encore faut-il savoir qui s'excuse, et de quoi.

Le COC, comme toute organisation qui a une influence sur le cheminement de carrière d'une personne, qu'il soit sportif, artistique ou professionnel, doit prendre les mesures appropriées afin que la recherche du succès, du profit ou de la renommée ne vienne pas aveugler sa gouvernance.

À cet égard, il reste un guide incontournable auquel on peut se fier : l'adhésion, comme membre de conseil d'administration, de direction et du personnel à des valeurs communes partagées !

Les valeurs communes partagées sont les croyances auxquelles adhère une organisation et qui la distinguent des organisations concurrentes. Celles-ci influent de façon directe sur la gestion des ressources humaines. Assimilées à la culture organisationnelle, elles ont cependant une portée plus large et une durée de vie plus longue que celle-ci.

Ainsi, sans devenir une organisation de délateurs, une organisation qui adopte et promeut de telles valeurs assure sa pérennité et élimine le risque d'agneaux silencieux sacrifiés.