Dans la foulée de l'éditorial d'Alexandre Sirois « Cachez ce sac... », paru le 4 janvier, nous croyons qu'il est d'intérêt d'offrir aux lecteurs un autre éclairage sur la question des sacs de plastique.

Tout d'abord, penchons-nous sur la façon dont les consommateurs les utilisent. Les sacs de plastique ne sont pas à usage unique, mais à usage multiple. Les Montréalais les utilisent de façon si responsable, en les réutilisant ou en les recyclant, que les sacs de plastique constituent aujourd'hui moins de la moitié d'un pour cent des déchets, bref, une quantité négligeable. En effet, selon une enquête menée par CROP en mai 2015, 87 % des Montréalais réutilisent leurs sacs de plastique et seulement 5 % des sacs d'emplettes se retrouvent au rebut. D'après l'Association canadienne de l'industrie des plastiques, 82 % des sacs de plastique sont recyclés.

En fait, à la suite des campagnes de sensibilisation conduites depuis 2007, l'ensemble des Québécois a adopté des comportements d'utilisation des sacs de plastique si exemplaires qu'aujourd'hui, la province sert de modèle à l'échelle mondiale.

Si on interdit complètement les sacs d'emplettes en plastique, que feront les consommateurs ? Ceux qui les réutilisent pour leurs déchets devront désormais acheter des sacs à ordures qui contiennent 32 % plus de plastique que les sacs fournis par les commerçants. Pour leur part, la fabrication et le transport des sacs de papier génèrent une empreinte environnementale plus importante que celle des sacs de plastique et il est difficile de les réutiliser. Enfin, la plupart des sacs réutilisables sont fabriqués en Asie et ne peuvent pas être recyclés.

Par ailleurs, la majorité des sacs utilisés au Québec sont fabriqués localement avec du gaz naturel, une source d'énergie propre.

Si on bannit les sacs d'emplettes de plastique, des milliers d'emplois seront en péril.

DES SOLUTIONS PLUS EFFICACES

Au cours des 10 dernières années, plus de 100 gouvernements et associations au Canada, dont le Québec en 2008, ont étudié l'efficacité de mesures visant à interdire ou à taxer les sacs de plastique comme stratégies de réduction et les ont rejetées parce que d'autres solutions basées sur les 3R (réutiliser, réduire, recycler) se sont avérées plus efficaces.

Lors de la consultation publique sur les enjeux et impacts d'un bannissement des sacs d'emplettes dans les commerces de détail sur le territoire de Montréal qui s'est tenue en mai 2015, l'Association canadienne de l'industrie des plastiques et d'autres acteurs ont recommandé la réalisation d'une analyse du cycle de vie afin d'évaluer les impacts environnementaux et socio-économiques des conséquences du bannissement des sacs de plastique à Montréal. Il s'agirait de la première étude du genre au Québec. Une décision aussi importante ne devrait-elle pas reposer sur des données objectives solides, ce que la science est en mesure de nous offrir ?