L'arrivée imminente de plusieurs migrants, de la Syrie plus particulièrement, pourrait nous donner un nouveau souffle et une belle leçon de vie.

Voilà une belle occasion de nous permettre de revisiter nos propres valeurs et même de nous questionner sur l'état de notre société sur le plan humain.

Il s'agit d'abord d'un grand geste d'ouverture et de générosité envers des personnes en état de grand stress qui cherchent à sauver leur vie et à retrouver leur dignité face à des violences extrêmes.

Le geste est particulièrement important en regard de la période difficile que nous traversons actuellement comme société. On pourrait se tourner vers nous-mêmes et nos propres besoins et ignorer le drame humain qui nous interpelle un peu plus chaque jour. Au contraire, on décide d'accueillir et de ne pas passer notre tour.

C'est aussi un mouvement de partage rassurant qui se déroule malgré le fait qu'un enfant sur cinq vit encore dans des conditions de pauvreté dans notre grand pays. Au moment où on ne réussit pas à assurer une qualité de vie et à offrir des outils et des accompagnements adéquats pour la réussite de près du tiers de nos enfants, tant sur le plan de la santé que du bien-être, nous avons collectivement le courage de bouger.

Nous accueillerons des enfants migrants en trop grande souffrance, dans un état de santé précaire et en traumas de guerre parce que c'est notre devoir d'humains en priorité.

Nous offrirons à ces enfants la chance et les moyens d'atteindre une vie meilleure avec leurs forces et leurs motivations.

C'est une belle leçon qui nous est offerte, comme celle que nous observons d'ailleurs dans notre pratique de pédiatrie sociale avec les populations migrantes de Côte-des-Neiges depuis 15 ans, auprès d'enfants et de familles de partout dans le monde. Ils arrivent sans moyens pour plusieurs, en totale précarité et souvent blessés. Ils viennent pour la paix et avec le désir de se développer. Ils font cet effort essentiellement pour offrir à leurs enfants de plus grandes chances de réussite. Ils le prouvent bien vite.

Le constat est assez clair. L'impact est surprenant et édifiant.

La plupart des adultes ne tardent pas à se mettre en piste. Ils apprennent le français, retournent aux études, se trouvent de petits boulots qui, ils le savent, deviendront grands, s'impliquent dans la communauté. Ils veulent une vie meilleure et participative.

Les enfants, eux, s'immergent dans notre société avec une vitesse étonnante. Ils s'adaptent vite à la garderie et à l'école. En quelques mois, ils apprennent le français dans les nombreuses classes d'accueil et après un an, ils se trouvent pour la plupart au régulier. En maternelle quatre ans, ils chantent déjà des comptines et des mélodies du Québec. Ils deviennent vite des Québécois à part entière avec le désir de la réussite. Ils adhèrent aussi rapidement aux valeurs de notre société.

Quelle belle leçon de résilience ! En fait, les familles migrantes nous prêtent leurs enfants pour enrichir notre société. Nous avons ainsi le privilège de partager leurs rêves et leurs réussites.

Quelle belle leçon que de permettre à nos propres enfants d'être ainsi exposés à l'énergie créatrice d'enfants moins chanceux, victimes de tant de traumatismes et pourtant tellement prêts à réussir.

Quelle inspiration pour nous aider à contrer les fléaux de la pauvreté incontournable, du décrochage scolaire et des dépendances de toutes sortes. Quand nous aurons un jeune qui veut abandonner et se démobiliser, nous aurons ces enfants migrants à leur donner en exemple.

Bienvenue chez nous !