Le projet de loi concernant les commissions scolaires du Québec est d'une importance capitale pour les anglophones du Québec. Depuis l'adoption de la Charte de la langue française, en 1977, les anglophones subissent l'érosion de leurs institutions scolaires. Pour preuve, les données du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) démontrent que le nombre d'élèves inscrits dans le système scolaire anglophone préscolaire, primaire et secondaire (public et privé) était de 256 251 élèves en 1972.

Si l'on assigne à 100 % ce taux maximal d'élèves inscrits dans le système scolaire anglophone en 1972, nous pouvons constater que seulement 105 205 élèves s'y retrouvent en 2012, soit 41 % de ses effectifs originaux. Cette chute de près de 60 % dans le système scolaire anglophone du Québec correspond au déclin le plus important enregistré sur l'ensemble des systèmes scolaires de langue anglaise des autres provinces canadiennes.

La perte nette de plus de 300 000 anglophones vers les autres provinces du Canada et l'interdiction faite aux francophones, allophones et immigrants d'inscrire leurs enfants à l'école anglaise expliquent en partie cette érosion du système scolaire anglophone.

La communauté anglophone accepte mal de ne plus pouvoir compter sur l'apport des élèves immigrants anglophones et allophones pour éviter la fermeture ou la fusion d'un nombre important de ses écoles.

Par ailleurs, en 1972, le nombre d'élèves inscrits dans le système scolaire francophone était 1 378 788, soit 100 % des effectifs pour les buts de notre analyse. En 2012, le nombre d'élèves inscrits dans le système scolaire francophone n'était plus que de 888 906 élèves, ou 64 % de ses effectifs originaux de 1972. Cette chute de 36 % du système scolaire francophone a eu lieu malgré l'apport des immigrants et des allophones dans le système scolaire francophone depuis la loi 101.

Bien que les deux systèmes scolaires soient en déclin au Québec à cause de la baisse de fertilité des familles québécoises, il n'en demeure pas moins que c'est le système scolaire anglophone qui a subi les pertes les plus lourdes depuis 40 ans.

Plus de 85 % des allophones admissibles dans le système scolaire québécois étaient inscrits dans le système scolaire anglophone en 1972, soit 56 376 allophones. En 2012, seulement 13,7 % des allophones de la province étaient inscrits dans le système scolaire anglophone, soit 18 853 élèves. Les données du MELS démontrent l'efficacité de la loi 101, puisque les élèves allophones, qui fréquentent les écoles francophones, sont passés de 9652 en 1972 à 119 060 en 2012. Depuis 1977, de nombreuses lois ont continué à réduire l'accès des élèves allophones et francophones au système scolaire anglophone.

Quelque 90 % des élèves anglophones de la province, soit 171 175, étaient inscrits dans le système scolaire anglophone en 1972, avant l'adoption de la loi 101. Cependant, 40 ans plus tard, ce nombre d'élèves chutait à 63 946 anglophones constituant 74,5 % de l'ensemble des élèves anglophones de la province. Malgré l'offre soutenue d'excellentes classes d'immersion en français dans la plupart des écoles anglophones du Québec, un nombre constant de parents anglophones inscrivent leurs enfants dans les écoles francophones afin d'assurer que leur progéniture maîtrisent bien le français. Ainsi, le nombre d'anglophones inscrits dans les écoles francophones était de 17 924 en 1972 et de 21 835 en 2012. Bien que ce choix individuel de parents anglophones ne constitue pas un apport important pour le système scolaire francophone, il contribue à miner la survie du système scolaire anglophone qui ne peut s'offrir la perte de ces « ayants droit » anglophones.

La baisse du nombre d'élèves s'est fait particulièrement sentir dans les écoles isolées des régions du Québec qui ne profitent pas du large bassin de population anglophone de Montréal. Dans la région du Grand Montréal, les parents anglophones se montrent enthousiastes à inscrire leurs enfants dans les programmes d'immersion en français offerts par les écoles anglophones.

Les anglophones sont les plus bilingues parmi les élèves du système scolaire québécois. De plus, le rapport Jennings, déposé en septembre 2015 au ministre de l'Éducation, notait que les élèves du système scolaire anglophone obtiennent des scores en français aux examens provinciaux qui sont 9,4 % supérieurs à ceux obtenus par les élèves du système scolaire francophone. Ces résultats démontrent que les écoles et les commissions scolaires anglophones contribuent elles aussi au développement du fait français au Québec.

En novembre 2015, 17,26 % des anglophones admissibles ont voté lors des élections scolaires anglophones, un taux de participation plus soutenu que le vote de 4,85 % obtenu pour les commissions scolaires francophones. Depuis 1998, des associations anglophones implorent les ministres de l'Éducation successifs de changer la règlementation qui stipule que tous les anglophones du Québec sont inscrits automatiquement dans les listes électorales des commissions scolaires francophones, sauf les parents anglophones dont les enfants sont inscrits dans les écoles des commissions scolaires anglophones.

Les Québécois anglophones ont à coeur le maintien et la vitalité de leurs écoles et de leurs commissions scolaires, un droit historique qui est protégé par l'article 23 de la Constitution canadienne.