Le verdict est sans appel. Malgré le retour de Gilles Duceppe, le Bloc québécois n'a pas réussi à s'imposer. Plus de quatre électeurs sur cinq lui ont tourné le dos. Le courage de M. Duceppe doit être salué. Mais il faut dire la vérité. Le Bloc ne retrouvera pas la position dominante qui était la sienne avant 2011. En réalité, à travers le déclin du Bloc, c'est à une crise du mouvement souverainiste que l'on assiste.

UNE CRISE HISTORIQUE

C'était évident en avril 2014, avec la défaite du gouvernement du Parti québécois autour du thème de l'indépendance. C'est maintenant incontestable, avec les résultats de la dernière élection. Et ça le deviendra de plus en plus dans les mois et dans les années qui viennent.

Le mouvement souverainiste traverse une crise historique. L'article 1 du PQ, porté plus haut que jamais depuis l'arrivée de Pierre Karl Péladeau, le met en porte-à-faux d'une proportion grandissante de la population. Les Québécois se sont prononcés à deux reprises en faveur du maintien du lien fédéral et ne veulent pas d'un troisième référendum. Cette situation n'est pas près de changer.

Vingt ans après le référendum de 1995 et 35 ans après celui de 1980, la maturité commande de rassembler les nationalistes autour d'objectifs communs.

La division des nationalistes au niveau provincial compromet notre santé démocratique en permettant la réélection perpétuelle du Parti libéral. De ce fait, elle maintient au pouvoir un parti qui défend mollement l'identité des Québécois et les intérêts du Québec. Les souverainistes pragmatiques qui ont pris acte du déclin de leur option et les nationalistes non souverainistes doivent réapprendre à se parler pour tirer le meilleur parti de notre appartenance au Canada.

UN NATIONALISME RÉALISTE ET MODERNE

Piégés entre l'indépendantisme du PQ et le fédéralisme de statu quo du PLQ, les Québécois cherchent une voie de sortie. Ils veulent une option nationaliste forte, suffisamment réaliste et flexible pour faire des gains à l'intérieur du Canada sur des enjeux-clés comme la langue et l'immigration.

Mais ils veulent aussi que cette option nationaliste ait une vision claire de notre développement. Le Québec fait face à des défis urgents, notamment en économie et en éducation. Il faut donc élaborer une stratégie globale de création de richesse et d'affirmation. La prospérité est un instrument essentiel de notre fierté nationale. Sans la prospérité, la fierté manquerait de moyens ; sans la fierté, la prospérité manquerait de sens.

Le nationalisme québécois est mûr pour une refondation majeure, non autour de la souveraineté, mais autour d'un nouveau programme, plus pragmatique, qui se construira à l'intérieur du cadre fédéral. J'ai la profonde conviction que c'est à la Coalition avenir Québec qu'il revient d'assumer ce rôle historique. Dès novembre, je préciserai à notre conseil général les contours de notre proposition en matière constitutionnelle.

Plus que jamais, j'ai la conviction qu'entre l'immobilisme du Parti libéral du Québec et le « ça passe ou ça casse » du Parti québécois, il y a un avenir prometteur pour notre nation.