Au cours des dernières semaines, des dizaines de milliers d'étudiants ont gagné les campus québécois. À l'Université de Montréal, ils sont toujours plus nombreux. Plus de 70 000 étudiants fréquentent maintenant l'UdeM et ses écoles affiliées, HEC Montréal et Polytechnique Montréal. C'est 47 % de plus qu'il y a 15 ans.

À quoi tient cet engouement pour les études supérieures ? Il y a une foule de raisons pour entreprendre des études à l'université. Pour apprendre, c'est la première et la plus fondamentale de toutes. Pour repousser les frontières de la connaissance - si on a la vocation -, car la recherche est une vocation.

Et puis, il y a les raisons d'ordre professionnel. Le premier motif qu'invoquent les parents canadiens pour inciter leurs enfants à poursuivre leur parcours jusqu'à l'université est l'acquisition d'une formation en vue d'obtenir un emploi dans un domaine de son choix. Pour eux, étudier à l'université ouvre des portes.

L'enseignement supérieur tient-il ses promesses sur ce plan ? Assurément. Depuis la crise financière de 2008, le nombre d'emplois au Canada a grimpé nettement plus chez les diplômés universitaires que chez leurs camarades des collèges et du secondaire. C'est une tendance de fond.

Pourtant, des voix s'élèvent périodiquement pour remettre en question les bénéfices à court et moyen terme des études supérieures. Certains parlent de surqualification des diplômés. D'autres observent que l'avantage comparatif des diplômés universitaires au chapitre de la rémunération n'est plus ce qu'il était.

De là à dire que les universités offrent des diplômes en trop grand nombre, il n'y a qu'un pas que certains observateurs ne manquent pas de franchir, en ciblant les filières qui ne sont pas immédiatement rentables pour le jeune diplômé - en gros, les sciences humaines et les arts. Le mythe du chômeur instruit demeure tenace.

À l'Université de Montréal, nous suivons le parcours de nos diplômés. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Deux ans après la fin de leur scolarité de baccalauréat, 96 % des diplômés présents sur le marché du travail étaient en emploi. De ce nombre, 84 % occupaient un emploi lié à leur domaine d'études et la presque totalité d'entre eux, 94 %, étaient satisfaits de cet emploi. Fait non négligeable, le taux d'emploi des diplômés des arts, lettres et sciences humaines était aussi élevé que celui des diplômés de sciences pures et appliquées. Et ceux-ci se disaient aussi satisfaits de leur emploi que ceux des autres secteurs.

Quant au salaire, il continue d'être nettement à l'avantage des diplômés universitaires. Au Québec, un bachelier gagne en moyenne 400 $ de plus par semaine qu'un diplômé du secondaire et davantage si c'est une bachelière.

Les femmes ont le plus profité des avantages professionnels et salariaux d'une formation universitaire au cours de la dernière décennie. On parle ici d'un avantage salarial de 67 %.

Mais il y a plus. Un diplômé universitaire fait bien davantage que répondre à une demande économique. Il est équipé pour transformer la nature même de la profession qu'il exerce et pour façonner, à son échelle, le monde du travail. Même s'il se retrouve un jour sans emploi, il disposera toujours d'un bagage de connaissances qui lui permettra de surmonter un blocage professionnel et de se réinventer.

L'éducation demeure, et de loin, le meilleur instrument pour améliorer sa condition. Une formation universitaire est un atout quand les choses vont bien, une bouée quand les choses tournent mal.

Je reviens à la question de départ : pourquoi les jeunes entrent-ils en masse à l'université ? Parce qu'on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve. Et parce que la connaissance est encore le déterminant le plus puissant de cet avenir dont on ne sait rien. Chose certaine, la solution aux nombreux défis qui guettent notre société passe encore et toujours par l'éducation supérieure.

Et si, en 2015, autant de gens font le choix de consacrer trois, cinq ou même dix années à l'obtention d'un diplôme universitaire, c'est parce qu'il tient toujours ses promesses.