Que penser de cette initiative du gouvernement libéral voulant mettre des balises sur le discours prétendu haineux ?

Bien que les objectifs de cette loi soient louables, du moins sur papier, les possibles conséquences sont un enfer pavé de bonnes intentions. En effet, il est vrai que l'actuel Code criminel prend déjà en compte des cas sérieux. Menacer quelqu'un de mort au Canada peut être passible d'accusations criminelles.

Or, la définition de « discours haineux » est tellement floue que celle-ci va amener très rapidement à des abus. Chacun a évidemment sa définition de la haine - comme chaque personne a un degré de tolérance qui diffère pour une blague raciste ou sexiste.

Ce qui est haineux et considéré du blasphème pour un prêtre, un imam ou un rabbin peut être fort bien considéré comme quelque chose de normal par Monsieur et Madame Tout-le-monde.

Il y a aussi un côté fort rétrograde à cette loi, car il y a eu une histoire de censure au Québec, autant par les ordres religieux que par le gouvernement. Est-ce que de retourner dans ce sens est signe d'un repli sur soi ? Oui.

Vous vous souvenez probablement fort bien du mouvement de soutien à Charlie Hebdo. Or, avec une telle loi sur le discours haineux, il est clair que certaines choses que ce magazine satirique a publiées dans le passé pourraient être considérées comme du discours haineux.

Avoir ce réflexe de vouloir censurer une forme quelconque de discours haineux n'a rien d'une société libérale, c'est plutôt un incitatif à plus d'autocensure, plus de langue de bois et une presse moins vivante.

Au contraire, dans une démocratie libérale, le meilleur moyen de combattre un discours considéré haineux est d'utiliser sa plume et d'expliquer pourquoi ce discours est haineux. De se battre avec sa plume va toujours être, tôt au tard, un gage de victoire.