L'auteur réagit au texte du maire de Montréal, Denis Coderre, «Il est temps de remettre Postes Canada à sa place».

L'intervention du maire Coderre dans le dossier de l'abolition du service postal à domicile est à l'image de la stratégie du politicien depuis son entrée en politique: tout pour attirer des votes de sympathie.

Sous le prétexte de défendre la veuve et l'orphelin, il s'immisce dans un dossier qui ne relève pas de sa compétence. Le citoyen Coderre peut bien prendre la plume - comme moi - pour exprimer son opinion que je respecterais, mais quand il invoque «la nécessité pour une administration municipale de s'opposer à une mauvaise décision, une décision improvisée qui va à l'encontre du bien-être de ses citoyens, particulièrement des plus vulnérables», c'est trop.

M. Coderre s'offusque que Postes Canada veuille réduire ses activités pour des raisons budgétaires en abolissant «un service essentiel». Pourtant, il n'a pas hésité il y a quelques mois à mettre la hache dans les fonds de pension des employés municipaux parce qu'il jugeait que les contribuables n'avaient plus les moyens de payer pour ces droits acquis, aussi essentiels.

Quand le maire invoque le fait que les personnes âgées seront les plus affectées par l'abandon du service postal à domicile, je lui rappelle que ce sont aussi ces mêmes personnes qui sont affectées quand elles doivent se déplacer sous des températures glaciales sur les trottoirs glacés de sa ville pour aller faire au quotidien des provisions à l'épicerie et à la pharmacie. Je ne pousserai pas le ridicule jusqu'à prétendre que l'alimentation et la santé sont des services essentiels et qu'il conviendrait d'instaurer un service national de livraison des aliments et des médicaments. Pourtant il n'y aurait qu'un pas à franchir.

Pour ce qui est de la consultation, il faudrait être bien naïf pour croire qu'à la fin de cet exercice, aussi long soit-il, les considérations économiques seraient disparues. Il est bien facile de critiquer les décisions des autres quand la gestion économique ne relève pas de notre responsabilité.

Nous sommes à l'heure des choix économiques. Les services historiquement essentiels ne le sont plus nécessairement à l'ère du commerce électronique.

La livraison du pain et du lait était aussi, il y a quelques décennies, considérée comme un service essentiel avant d'être abandonnée. Il m'apparaît bien plus important en 2015 d'assurer la sécurité, la santé et d'améliorer les transports collectifs des citoyens canadiens et montréalais que de continuer d'investir dans un service qui s'adresse à de moins en moins de personnes.

Je respecte l'opinion du citoyen Coderre, mais je trouve pathétique l'intervention du maire Coderre dans ce dossier.