Dans un texte publié récemment (« Le salaire des médecins, l'échec de l'État », 19 janvier), j'ai fait valoir que, malgré une augmentation extraordinaire de leur revenu, la productivité des médecins avait chuté de manière significative entre 2000 et 2013.

En réplique à cette analyse fondée sur des statistiques incontestables, le président du syndicat des médecins de famille, Louis Godin, a choisi d'éluder la question de fond et d'attaquer ma crédibilité et celle de l'équipe de professionnels que j'ai dirigée jusqu'en 2010 en évoquant le fait que l'on compte aujourd'hui davantage de médecins spécialistes que de médecins de famille (« L'échec de l'État avant tout », 22 janvier).

Cette attaque est injuste pour deux raisons. La première en est que M. Godin passe sous silence l'orientation ministérielle constamment mise de l'avant et soutenue par mon équipe durant cette période. Ainsi, nous avons toujours défendu la nécessité que les universités du Québec réservent minimalement 50 % de leurs places de résidence à la formation de médecins de famille.

La seconde, c'est que depuis plus de 20 ans, cette orientation fondamentale a été présentée chaque année au forum de consultation sur la planification de la main-d'oeuvre médicale sur lequel siègent les plus hautes autorités de tous les groupes d'intérêts. Pourtant, pendant les années où j'ai participé à ce forum, je peux affirmer que les représentants du syndicat des médecins de famille n'ont jamais défendu avec ardeur la nécessité d'augmenter la proportion des postes de résidence en médecine familiale.

S'il arrivait parfois à M. Godin de déplorer le manque d'attrait des étudiants pour la médecine familiale, c'était surtout pour se plaindre en affirmant que celui-ci était dû à des revenus insuffisants pour rendre attractive la médecine familiale. Il y voyait essentiellement un moyen de négocier une hausse de revenus pour ses membres. En cette matière, son plus grand fait d'armes aura été d'attendre, sur les lignes de côté avec une clause remorque, l'issue de la négociation menée par la Fédération des médecins spécialistes du Québec sur le rattrapage salarial entre les spécialistes d'ici et ceux des autres provinces.

M. Godin préfère lancer de fausses accusations en attribuant à un seul individu et à son équipe la responsabilité d'une situation contraire à la positon que nous défendions, et en dénigrant les études produites par cette même équipe tout en sachant qu'elles étaient reconnues pour leur qualité par le forum auquel il participait. Tout cela constitue un manque de respect sans précédent envers tous ceux et celles qui au ministère et dans tous les organismes impliqués ont consacrés et continuent de consacrer beaucoup d'énergie à cet important dossier.

Encore une fois, je constate que M. Godin est un généraliste qui se spécialise dans les affirmations gratuites et la suppression des données pertinentes.

À cet égard, les données les plus récentes de l'Institut canadien d'informations en santé (ICIS), soit celles de 2013, qui permettent de comparer le Québec avec le reste du Canada sont, contrairement à la prétention de M. Godin, favorables au Québec.

Selon les données de l'ICIS, la population du Québec représente 23,1 % de la population totale du Canada alors qu'elle peut compter sur 24,1 % du total des médecins de famille au Canada. Pour soigner 100 000 habitants, la population du Québec peut compter sur un nombre plus élevé de médecins de famille que le reste du Canada. Le ratio du Québec est de 116 médecins pour 100 000 habitants tandis qu'il est de 105 pour la population du reste du Canada.

M. Godin le sait, mais il affectionne les demi-vérités, c'est son choix !