La décision de la Caisse de dépôt et placement d'investir dans le transport collectif à Montréal, et ailleurs au Québec, constitue une bonne nouvelle, dans la mesure où cela signifie que les conditions favorables pourront enfin être réunies pour accélérer le rythme de développement des infrastructures de transport collectif. Et, surtout, que les infrastructures les plus utiles pour les usagers pourront être priorisées.

Pour l'instant, l'entente entre les deux partenaires prévoit la réalisation de deux projets, le SLR dans l'axe du pont Champlain et le train de l'ouest. Il est possible d'imaginer que la Caisse a déjà une bonne idée de leur intérêt et de l'intérêt d'autres tracés à aménager.

Sans la Caisse, dont l'expertise est bien établie, on peut imaginer que le développement du transport collectif ne se fera pas ou se fera à un rythme beaucoup trop lent. Rappelons que depuis l'ouverture du métro en 1966, nous n'avons jamais réussi à construire plus d'un grand projet par décennie. Et là, on nous en annonce deux, qui plus est pour 2020 (donc probablement avant l'inauguration du SRB sur Pie-IX, qui n'est pourtant qu'un trajet d'autobus...).

La conséquence de notre incapacité à accélérer 

Le rythme de développement du transport collectif est évident : la part de marché du transport collectif a diminué, le transport collectif répondant de moins en moins bien aux besoins des Montréalais, ceux de l'île et ceux des banlieues. Les gouvernements ne cessent de nous dire qu'ils veulent changer la mobilité, mais, pour ce faire, il faut offrir davantage de transport collectif, et rapidement. En ce sens, l'annonce de la Caisse, et du gouvernement, est de bon augure pour la région.

L'annonce soulève toutefois quelques questions, notamment en ce qui concerne les priorités en matière de transport collectif pour la région de Montréal. Ces priorités varient constamment, sans que l'on sache trop pourquoi, et pas uniquement à cause des changements de gouvernement. Le train de l'ouest n'est une priorité que depuis peu. Le SLR dans l'axe du pont Champlain était une priorité jusqu'à tout récemment, en fait jusqu'à la nomination de monsieur Poëti comme ministre des Transports. On le pensait abandonné et le voilà qui revient. Ces deux projets sont maintenant liés, ce qui est une bonne chose : l'intérêt de ces projets est d'autant plus grand qu'ils fonctionneront en réseau.

Les priorités en transport sont établies on ne sait trop comment. L'information n'est à peu près jamais disponible. Au mieux, elle sera incomplète, insuffisante pour permettre un véritable débat. Surtout, les différentes options ne sont jamais toutes étudiées.

Ainsi, le maire de Montréal propose-t-il de prolonger le métro dans l'est en surface, plutôt qu'en sous-sol. La proposition est intéressante, mais elle apparaît d'un peu nulle part. Pourquoi cette option n'a-t-elle pas été retenue d'entrée de jeu pour être étudiée, afin que l'on puisse comparer toutes les options, et choisir celle qui présentera le plus d'intérêt, surtout sur le long terme ? À court terme, un prolongement en surface sera plus intéressant, car moins coûteux. Mais qu'en est-il à long terme ?

Il y a quelque chose de profondément dysfonctionnel dans la planification des transports dans la région de Montréal, où les solutions sont avancées, souvent par le politique, et où les études servent principalement à justifier et à opérationnaliser la solution avancée, mais rarement pour nous permettre de trouver la meilleure solution, sur le long terme, pour les usagers.

Il faut sans doute revoir la gouvernance des transports, mais le problème est ailleurs : dans notre incapacité de déterminer des priorités et de les porter jusqu'à leur réalisation. Cette priorisation ne peut venir que du ministère des Transports du Québec. C'est le plan du ministère des Transports qui déterminera les priorités en transport, mais nous l'attendons toujours, alors que nous en aurions bien besoin...