Depuis les années 50, Montréal s'est vue dépossédée de son titre de métropole du Canada par une série de décisions politiques canadiennes, provinciales et, oui, montréalaises.

Citons à ce titre la Voie maritime du Saint-Laurent, qui a diminué le rôle de transbordement du Port de Montréal et son apport économique, et de l'aéroport de Mirabel, qui a divisé et affaibli les activités aéroportuaires au profit de Toronto.

Les élus à la mairie de Montréal ont tous des projets intéressants pour améliorer les services à la population et manifestent tous leur amour envers la ville. Cependant, les projets proposés ne sont pas accompagnés de solutions de financement ; aucun n'ose affirmer la nécessité de taxer davantage les contribuables et aucun ne se prononce clairement sur la taxe sur l'essence, le péage aux ports et sur les autoroutes ou la taxe par kilomètre parcouru sur le territoire. Aucun ne propose un moyen de redresser les finances publiques sans augmenter les taxes ; et surtout, aucun ne propose, au-delà des projets, une vision pour Montréal à moyen et long terme.

Une grande part des dépenses de la Ville est incompressible. De plus, la Ville est dans un tel état que des investissements importants sont requis à court et moyen terme, sans quoi l'exode des ménages s'accélérera, les infrastructures continueront à se détériorer et les services diminueront. Montréal est rendue à ce point où il est plus réaliste d'accroître les revenus que de réduire les dépenses !

Augmenter les revenus

Les solutions à apporter doivent donc reposer d'abord sur l'augmentation des revenus tout en contrôlant les dépenses et les investissements.

La Ville devrait ainsi se départir des actifs, des biens ou des services qui sont plus coûteux que profitables. Cela ne signifie pas les abandonner en organisant une vente de feu. Il faut plutôt articuler des modes de cession partiels ou totaux qui accroissent les revenus et réduisent les dépenses d'entretien et de financement.

Ceci peut s'effectuer suivant différents modes, au cas par cas. Voici quelques exemples :

- un partenariat public-privé par l'exploitation d'un service public, comme le Biodôme, par exemple ;

- la privatisation d'un service avec redevances payées à la Ville par l'exploitant. La ligne d'autobus sur le boulevard Pie-IX en est un exemple. Cela existe ailleurs dans le monde. Il faut inclure dans l'entente une forme de contrôle tarifaire convenue entre les parties ;

- la cession par Québec du Stade olympique pour un dollar, suivie du développement de l'infrastructure en partenariat public-privé pour accueillir éventuellement un club de baseball des ligues majeures ;

- la vente d'un actif à un partenaire, assortie de certaines conditions pour assurer une saine gestion du patrimoine montréalais ;

- la cession par le fédéral du port de Montréal et de ses espaces afin d'en rentabiliser l'exploitation ;

- toute autre solution hybride comportant une combinaison de ces choix avec l'objectif constant d'inclure à un degré suffisant la participation de la Ville et la protection de l'intérêt public.

Des choix incontournables

Une revue des actifs, des biens et des services offerts s'impose. L'objectif de ce processus doit être le maintien d'un corpus de biens et services suffisants sous le contrôle de l'administration municipale, assorti de solutions d'affaires rentables permettant d'accroître les revenus sans taxer les contribuables.

Plusieurs éléments restent à définir, notamment au chapitre de la faisabilité de certaines propositions, mais les choix qui s'imposent sont incontournables.

Ce qui est certain et vérifié par les faits est qu'une ville sans vision et sans plan est à la merci du crime organisé qui, lui, a sa vision, son propre plan, ses lignes d'affaires et ses projets, ce qui profite à quelques-uns au détriment de l'intérêt public. Les revenus du développement urbain, les profits et les surplus vont alors dans la poche d'individus aux frais de la communauté. Il faut inverser cette situation.