Dans une des récentes chroniques de Lysiane Gagnon (Quatre millions pour un ballon d'essai?, 6 septembre), on se plaint de l'initiative de M. Couillard de créer la nouvelle Commission de révision permanente des programmes.

Une commission pour tenter de sauver des milliards de dollars au gouvernement du Québec. Une commission pour tenter d'examiner d'un autre oeil les programmes financés par notre argent, afin d'évaluer si la dépense en vaut toujours la chandelle.

Mme Gagnon a raison de dire que c'est un ballon d'essai qui ne présente aucune garantie. Mais à mon avis, on devrait applaudir cette initiative. Personnellement j'ai voté libéral à la dernière élection pour m'assurer que le gouvernement mette l'accent sur le redressement de notre économie et de nos finances. Je présume que je n'étais pas un cas isolé et que M. Couillard a été élu majoritaire pour cette raison.

Certains peuvent déplorer le coût de la commission, qu'on évalue à 3,8 millions. Avec l'ampleur de notre dette, plus de 200 milliards de dollars (54% de notre PIB) et surtout le rythme auquel elle croît, soit près de 10 milliards de dollars par année, je ne crois pas que le coût de cette initiative est exagéré. Au contraire, je lui donnerais encore plus de moyens en lui ajoutant des experts financiers de la petite, moyenne et grande entreprise privée, d'ici et d'ailleurs.

Il est suggéré qu'en remplaçant cette commission par des fonctionnaires, le gouvernement épargnerait des coûts. Mon expérience me dit que parfois (souvent), lorsqu'on est dans la forêt, on ne voit plus les arbres. À mon avis, un fonctionnaire n'a en général pas la compétence pour créer de nouvelles initiatives, sortir des sentiers battus et faire des recommandations hors du cadre traditionnel.

Et nos politiciens n'ont pas le temps (ou la compétence, ou le courage) pour concentrer leurs efforts sur l'économie. Ils sont soumis à trop de distractions, de toutes parts, pour être en mesure de trouver les pistes de redressement de nos finances.

Une présidente compétente

Permettez-moi aussi de rassurer Mme Gagnon et les critiques sur le choix de Mme Lucienne Robillard comme présidente de cette Commission. C'est vrai que Mme Robillard n'a jamais fait générer de grosses manchettes durant ses années de service à l'État, autant au provincial qu'au fédéral. Mais on peut se questionner sur le choix de la personne qu'on souhaite pour diriger cette commission. Une «vedette populaire» ou une personne qui connaît très bien les rouages de notre gouvernement, de l'intérieur (comme ministre au gouvernement provincial) et de l'extérieur (comme ministre au gouvernement fédéral)?

Peu de gens savent que plus jeune, Mme Robillard a vécu des années dans un kibboutz en Israël et a ainsi connu une tout autre dynamique économique et sociale que la nôtre. Je ne dis pas que le modèle israélien des kibboutz est à copier, bien au contraire, mais j'aime savoir que la présidente de cette commission de «révision» a vécu autre chose que notre modèle actuel. Mme Robillard ne porte pas d'oeillères et elle est ouverte au changement.

Enfin, j'ai déjà travaillé sur deux comités qui étaient coprésidés par Mme Robillard. Sur ces comités, il y avait beaucoup de gens avec de forts égos et des opinions souvent très divergentes. Mme Robillard, c'était la main de fer dans le gant de velours. Elle encourageait la discussion, favorisait l'expression de toutes les opinions, mais savait garder le cap sur la mission. Mme Robillard se démarque par son écoute et elle sait propulser les bonnes idées vers le haut.

J'ai bon espoir que M. Couillard a trouvé la bonne personne pour «tenter» de nous faire sortir de notre marasme financier. À mon humble avis, le ballon d'essai de messieurs Couillard et Coiteux en vaut bien la chandelle et il est entre bonnes mains.