Un étrange virus rôde dans les couloirs de l'Assemblée nationale. La maladie qu'il cause est très contagieuse et afflige les députés de presque tous les partis politiques. Le libéral Jacques Daoust et le chef caquiste François Legault en sont particulièrement affectés. Il s'agit de la « fleuronnite » aiguë.

Ceux qui en sont infectés clament que le « bien commun » les autorise à confisquer l'argent des contribuables pour l'injecter dans des entreprises peu ou non rentables, sous prétexte qu'ils savent mieux que nous comment investir notre argent pour créer de la richesse.

Malgré la présence de trois médecins à l'Assemblée nationale, la maladie se propage. Pierre Karl Péladeau vient de l'attraper, et le premier symptôme de ce dernier se manifeste à l'oeil nu, sans même besoin de l'ausculter : il veut sauver un autre « fleuron », cette fois-ci l'ancienne entreprise de Tony Accurso, rebaptisée Hexagone.

Les porteurs du virus détournent nos impôts et taxes dans le Fonds du développement économique (FDE) pour injecter des transfusions monétaires aux entreprises gagnantes de la loterie des subventions. Les résultats financiers du FDE ont été récemment publiés et on n'a pas besoin d'un stéthoscope pour constater qu'ils sont désastreux et empirent d'une année à l'autre. Alors qu'en 2011 le Fonds perdait 40 ¢ pour chaque dollar prêté, les plus récents résultats révèlent que l'on estime maintenant la perte probable à 50 ¢ pour chaque dollar de prêt, une hausse de 25 % en à peine trois ans.

Des pertes et encore des pertes

En plus de prêts, le Fonds du développement économique investit dans des actions, et là aussi, les pertes anticipées s'accumulent : le Fonds a presque quadruplé ses investissements dans des actions d'entreprises québécoises, et la perte prévue a éclaté de 16 fois, passant de 8 à 105 millions.

Au total, la perte estimée pour toutes ces aides financières (prêts, garanties de prêts et actions) était de 764 millions en 2011. Elle a explosé à 1,27 milliard en 2014 - une hausse prodigieuse de 506 millions, ou 66 % en trois ans. Il serait d'ailleurs temps de changer le nom du Fonds pour « Fonds de destruction économique », qui a l'avantage de mieux décrire l'impact du Fonds sur notre économie, tout en n'ayant pas à en changer les initiales !

Il semble qu'il faudra malheureusement attendre encore au moins quatre ans pour découvrir un vaccin à la « fleuronnite » aiguë. Pendant ce temps, quand Philippe Couillard annoncera le prochain prêt pour une cimenterie ou mine dans le Grand Nord, le prochain sauvetage d'un « fleuron » québécois tout près de la faillite ou, que sais-je encore, quelle autre transfusion pour aider un projet « structurant », rappelez-vous de ce pourcentage : 50 %. C'est la perte estimée pour chaque dollar prêté que nous, les contribuables, devrons encaisser pour permettre au premier ministre de couper un ruban devant des caméras de télévision.