Je réagis aux articles parus récemment dans La Presse Affaires au sujet du temps partiel. Heureuse de voir que pour une rare fois, le sujet fait les manchettes, mais déçue de constater qu'encore une fois, il fait face à de nombreuses idées préconçues.

Bien sûr, une organisation doit être rentable pour continuer d'offrir des emplois (que des personnes occupent pour faire fonctionner l'organisation !). Et il est vrai que l'horaire à temps partiel exige certains ajustements de la part des gestionnaires.

On se dépêche de fermer la porte. « Trop compliqué », affirme-t-on. On ne prend même pas le temps de considérer les impacts positifs du temps partiel sur la motivation, le rendement et le sentiment d'appartenance à une entreprise. On passe aussi bien vite sous silence les coûts énormes liés au surmenage.

Combien de gens autour de vous ont besoin de médicaments pour maintenir le rythme inhumain de leurs vies ? Combien de familles en crise ? Combien de burn-out ? Combien d'enfants « barouettés » de tous côtés ? Est-ce vraiment la société dans laquelle on veut vivre ? Et est-ce vraiment si rentable pour les organisations ? Pour les pharmaceutiques et les assureurs, peut-être, mais est-ce que le coût global du surmenage sur notre société n'est pas un peu trop élevé ?

D'autres options

Et si on choisissait d'innover ? Si on envisageait d'autres options ? Certaines entreprises le font : horaires flexibles, temps partiel, horaire concentré, télétravail. Elles sont malheureusement trop rares. Pourtant les alternatives au 9 à 5 sont nombreuses et peuvent représenter des solutions gagnant-gagnant.

Dans l'article sur l'horaire condensé de trois jours, on ferme la porte à la discussion en rejetant l'idée en bloc. Pourtant, en dehors d'une solution rigide, peu applicable dans tous les milieux, il y a de nombreuses autres solutions adaptables à différentes réalités. Est-ce qu'on pourrait au moins en parler au lieu de passer à un autre sujet au nom de la rentabilité ?

Dans un contexte de coupes budgétaires, on pourrait même envisager le temps partiel pour maintenir plus de gens en poste avec la même masse salariale - en plus d'éviter de surmener ceux qui restent, ce qui me paraît une forme de distribution plus juste de la richesse et donc économiquement profitable pour tous. On sauverait des emplois et on éviterait des burn-out (et combien de maladies encore).

Idéaliste ? Peut-être un peu, mais j'en ai marre de nous voir aller collectivement. Je suis convaincue que nous faisons fausse route et que nous sous-estimons les dommages collatéraux du surmenage sur les familles.

Pour ma part, j'ai la chance de travailler trois jours. Un vrai trois jours par semaine, avec les choix de vie que cela implique, mais surtout avec l'inestimable qualité de vie que cela procure à ma famille. J'ai constamment peur de perdre cet avantage, rare et trop souvent mal jugé. Pourtant, c'est une grâce que je souhaite à tous. Il suffirait d'essayer.

Alors SVP, arrêtons de dire que c'est « trop compliqué » !