Je suis médecin. Loin de moi l'idée de défendre mes collègues ou de les critiquer. Après la tempête Bolduc, prenons le temps comme société de nous prescrire une bonne dose de calme et analysons la réalité.

Rétablissons d'abord quelques faits. Les médecins du Québec sont des travailleurs autonomes, tout comme les notaires, les ingénieurs et les avocats. Ils ne reçoivent aucune pension ni de vacances payées par l'État ou autres. Cependant, ils ont pour mission de soigner une collectivité, un État.

Normalement, les médecins qui vous rencontrent devraient vous charger la consultation et vous remettre une facture selon un taux horaire précis, comme la plupart des autres professionnels. Vous seriez ainsi avisés du taux horaire ou de consultation et les factures seraient relativement simples. Étant donné la différence de revenus dans la population, l'État a préféré un paiement des médecins via un organisme public nommé RAMQ.

Je me rappelle d'avoir souvent perdu mon latin au cours de mes premières années de médecine. Mon système de paiement était tellement complexe que je devais me le faire enseigner! Imaginez-vous les coûts d'un tel système avec les actes spécifiques de chaque spécialité médicale et les agences de facturation associées.

Au lieu de simplifier le tout, le paiement des médecins s'est alourdi avec le temps et à chaque négociation. De nouveaux actes médicaux ont vu le jour, ouvrant la porte à certaines aberrations. Des primes pour prendre en charge des patients sans aucune base de temps, des primes salées en région pour certains et les différences salariales entre médecins - certains spécialistes peuvent gagner le double du médecin de famille - choquent la population et divisent les effectifs médicaux, ce qui entache bien entendu les médecins, leur syndicat et l'autre partie négociante, le gouvernement.

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Pour ma part, j'ai choisi mon camp. J'ai décidé d'ouvrir ma propre clinique, entièrement privée et non liée à la RAMQ, de charger le temps réel avec mes patients, d'assumer le coût de mon personnel et de ne pas travailler à la chaîne pour obtenir un salaire. Mon choix demeure le mien. Il est toutefois grand temps d'établir une rémunération simplifiée pour nos médecins, en tenant compte de leurs longues études, des longues gardes, de la gestion quotidienne de l'anxiété et de la vie humaine, et de leur capacité d'apprendre. Il ne sert à rien d'ouvrir le feu sur eux.

Restons calmes, ne tombons pas dans la jalousie ou le nivellement par le bas, assurons-nous en priorité que le salaire versé correspond à une médecine de qualité.