Au printemps 1991, ma fille Ariane, un petit bout de chou de 4 ans, luttait désespérément contre une vicieuse maladie. Parce qu'elle était en phase terminale d'une leucémie, ma conjointe et moi avions décidé de passer avec elle ses derniers moments à la maison.

Une expérience tellement éprouvante. De l'eau se créait dans ses poumons, la petite se noyait littéralement dans ses poumons! On l'entendait respirer si difficilement, comme si elle se «gargarisait» sans arrêt, je trouvais ça insoutenable.

Nous avions une prescription de morphine que nous pouvions lui administrer toutes les quatre heures. À mon questionnement sur la fréquence à administrer, le médecin m'avait répondu: «vous avez le médicament, vous faites les injections. Je ne suis pas là pour superviser»...

Elle avait en permanence un cathéter sur la poitrine, on pouvait donc lui injecter aisément la morphine. Une fois la dose reçue, elle se calmait instantanément, laissant, autant pour elle que pour nous, une heure ou deux de quiétude. Mais quand la drogue cessait son effet, l'effet de noyade recommençait.

Je me sentais tellement impuissant face à sa détresse, que j'ai suggéré à ma conjointe de rapprocher les doses de morphine et de lui donner ainsi ses injections toutes deux heures. Elle a refusé catégoriquement, prétextant qu'on devait suivre impérativement la prescription. J'imagine qu'elle croyait encore qu'on pouvait la sauver!

Après quelques jours «insoutenables» et bien que certains membres de ma belle-famille étaient à la maison, j'en ai eu assez. J'ai attendu d'être seul dans la chambre de la petite, j'ai rempli une grosse seringue de morphine et j'ai décidé de lui administrer une «dernière» injection!

Alors que je m'apprêtais à pousser sur la seringue, ma belle-mère est entrée en criant que j'allais la tuer et que je devais quitter «sur-le-champ» la maison! Ma belle-famille avait été choquée par mon attitude.

J'aurais suivi les traces de Robert Latimer, sans aucun remords!

Ariane est décédée le lendemain...