Depuis l'élection du 7 avril, on a annoncé le transfert aux soins palliatifs du projet souverainiste. Au milieu du torrent de commentaires et d'analyses des spécialistes du jeu politique, je tente de faire entendre ma voix, celle d'un jeune souverainiste, motivé pour l'avenir. Après plusieurs campagnes infructueuses, je crois que le temps est venu pour le Parti québécois de «reconnecter» le projet de pays à trois sources d'énergie: les jeunes, le progressisme et la culture.

Les jeunes

Pour les jeunes, comme moi, qui n'ont pas connu les vendeuses de chez Eaton, ou bien l'échec de Meech et pour qui Pierre Elliot est surtout le père de Justin, l'idée du pays du Québec n'est plus suffisante en soi. Nous ne nous satisfaisons plus du quoi, nous voulons savoir comment et surtout: pourquoi.

Quel est le projet, quelle est la vision du pays, comment s'inscrit-elle dans le monde contemporain? Nous voulons connaître les réponses qu'apportera le nouveau pays aux défis de l'énergie, de l'environnement, du développement durable et de la promotion d'une culture francophone en Amérique. Malheureusement, le PQ a échappé le ballon du projet de pays et deux autres partis se sont jetés dans la mêlée.

Le progressisme

J'ignore s'il est souhaitable que la souveraineté se fasse «par la gauche». Cette terminologie a des relents idéologiques qui suffisent à faire fuir une bonne partie de l'électorat. Cependant, je suis convaincu que le pragmatisme, le progressisme et la créativité représentent notre meilleure chance d'assurer notre qualité de vie à long terme, ou exprimé d'une autre façon: ne pas couper la branche d'arbre sur laquelle nous sommes assis.

Encore une fois, les vieux partis ont largement perdu le leadership en matière de progressisme au profit de Québec solidaire, à qui il manque cependant l'expertise et le pragmatisme que l'on reconnaît généralement au Parti québécois. Est-il imaginable de rétablir le dialogue entre les progressistes et le centre-droit et de se réunir autour d'un projet consensuel où chacun y trouverait son compte?

La culture

En tant qu'artiste, je considère que le projet souverainiste est aussi, et par-dessus tout, culturel. Il s'agit du plus vaste chantier de réflexion, à mon avis. Je ne prétends pas offrir une vision intégrée sur le sujet, mais surtout plusieurs questions. Un parti souverainiste ne devrait-il pas offrir la vision la plus innovatrice en matière de culture? Ne devrait-il pas se faire le champion de nos institutions culturelles? Reconnaissons-nous suffisamment l'apport énorme des Anglo-Québécois, des immigrants et des autochtones à notre culture? Ma seule réponse est que le jeu défensif et le repli sur soi doivent cesser: misons sur la promotion et l'inclusion!

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Nombreux sont ceux qui, à chaque élection, brandissent la phrase de René Lévesque selon laquelle un parti politique ne devrait durer qu'une génération, avant de passer le flambeau. Plusieurs croient que nous avons déjà trop tardé. Je crois, je sais, que l'idée du pays n'est pas morte. Donnons-lui un véhicule à la mesure de l'idée.

Mon souhait serait qu'une grande rencontre sur le projet de pays donne naissance à une nouvelle coalition consensuelle, un grand vaisseau souverainiste, «reconnecté» et prêt à faire face aux défis du siècle.