J'ai dans la soixante et ai déjà cru nécessaire que l'on se sépare du Canada. Le peuple québécois était alors beaucoup en réaction au fait que nous avions été et étions encore à certains égards une nation de seconde zone dans notre propre province.

Tous les postes importants, ou presque, étaient occupés par des anglophones, la langue française était en danger et il nous semblait que rester au sein de la Confédération canadienne nous apportait plus d'inconvénients que d'avantages. Je votai donc oui aux deux derniers référendums.

Aujourd'hui, les choses ont changé. Nous ne sommes plus des citoyens de seconde zone, de nombreux Québécois francophones ont réussi en affaires et il est de toute évidence clair qu'il est avantageux de faire partie de la Confédération. Nous avons réussi à y prendre notre juste place, ce qui ne veut pas dire que nous ne devons pas être prudents dans la préservation du français et de notre culture unique en Amérique du Nord.

Je ne suis donc plus «séparatiste». Les choses évoluant, je suis devenu tranquillement un nationaliste ardent, mais conscient que faire partie du Canada est un avantage indéniable. Je suis donc un nationaliste fédéraliste.

Depuis le 7 avril dernier, certains péquistes lancent à tort et à travers que nous serions des peureux. Peur de la souveraineté, peur d'un référendum. Ils refusent de jeter un regard lucide sur ce que souhaite la très grande majorité des Québécois. Ces derniers ne veulent pas de la souveraineté ni, évidemment, d'un référendum. Pas parce qu'ils ont peur. Parce qu'ils n'en veulent pas. Tout simplement.

Quand j'ai à choisir entre deux choses, je choisis ce que je crois être le mieux pour moi. Mon processus décisionnel n'a rien à voir avec la peur de l'un de ces deux choix.

Je comprends que les souverainistes soient frustrés que leur propre choix ne soit pas retenu par la majorité des Québécois. Pas nécessaire de nous traiter de «pissous» pour cela...