J'ai voté. Je me sentais suffisamment informé pour voter immédiatement. En fait, avant même le déclenchement des élections, j'avais fait mon choix. La question était de savoir si la propagande électorale pouvait m'amener à changer d'avis.

Ce ne fut pas le cas, parce que certaines questions importantes, telles que celles de l'éducation, de la justice fiscale ou de l'environnement n'ont pas été abordées sérieusement, parce que les sujets traités l'ont souvent été de façon démagogique - ceux de la laïcité et de l'organisation des services publics, par exemple - et aussi parce que certains stratèges ont traîné la campagne dans une arène de boue qui n'offrira de nouveaux renseignements utiles que sur les bassesses auxquelles certains leaders politiques peuvent se livrer pour gagner des votes.

Avant de voter, il fallait tout de même que je réponde à cette fameuse question de savoir si un vote pour un tiers parti est un vote définitivement perdu. Dans notre système électoral, il faut bien se rendre à l'évidence que les votes pour les candidatures perdantes sont totalement perdus. Dans un système où la représentation politique serait, au moins en partie, proportionnelle au nombre de votes, le soutien aux tiers partis pourrait, à court terme, leur assurer une présence, même modeste, dans nos institutions législatives.

Mais alors, voter pour un tiers parti, est-ce perdre définitivement son vote? J'ai répondu non à cette question où la clé est le mot «définitivement».

Faire vivre certaines propositions

En votant pour un tiers parti qui, manifestement, n'a aucune chance de former le prochain gouvernement, j'utilise mon vote comme une sorte d'investissement. Au plan financier et à court terme, mon vote sera comptabilisé par le Directeur général des élections, qui verse des redevances aux partis en proportion de leurs appuis aux urnes. Le parti que j'appuie aura donc un peu plus d'argent pour financer ses activités politiques. Mais ce qui est le plus important, c'est que mon vote contribuera à faire vivre certaines propositions très valables qui, aujourd'hui, pour diverses raisons, ne semblent pas séduire l'électorat, mais qui, avec de la persévérance, une meilleure diffusion et une conjoncture plus favorable, pourraient enfin être appréciées à leur juste valeur et mises en oeuvre.

Je n'ai donc pas perdu mon vote. Je l'ai investi. Dans combien de temps pourrai-je récolter le fruit de mon choix? J'ai confiance que le parti qui a eu mon appui fera le nécessaire pour que ce soit le plus tôt possible, pour moi ou pour les citoyennes et les citoyens du Québec de demain. Tout vient à point à qui sait attendre et... espérer.