La souveraineté s'étant invitée dans la campagne, il apparaît pertinent de faire le point sur l'appui à cette option et de le mettre en perspective en le comparant aux précédents référendums. De 1976 à 1980, les sondages donnaient un appui moyen de 40% à la souveraineté-association, qui augmentait à 54% lorsque la question portait sur un mandat de négocier. Pendant la campagne référendaire de 1980, les sondages estimaient l'appui au mandat de négocier à 48%. Ce référendum s'est conclu par un appui de 40% au Oui. Par la suite, les sondeurs ont cessé de mesurer l'appui à la souveraineté jusqu'en 1989.

À l'aube de la campagne référendaire de 1995, les sondages donnaient un appui moyen de 52% à la souveraineté-partenariat. Cet appui a diminué sous la barre des 50% par la suite, pour remonter pendant la campagne référendaire, de telle sorte que même en répartissant 75% des discrets au Non, plusieurs sondages avaient prédit une victoire du Oui. Le référendum s'est terminé par une très courte défaite du Oui (49,4%). Demeuré très élevé après le référendum de 1995, l'appui est retombé par la suite entre 35 et 40%, sauf pour une brève remontée à l'époque du scandale des commandites.

Une analyse des sondages faits entre 1976 et 2008 montre que deux conditions ont permis à l'appui à la souveraineté de dépasser le seuil critique de 50%. D'une part, la question devait inclure la mention d'une association ou d'un partenariat avec le reste du Canada. L'appui à la souveraineté sans mention d'association est 7 points moins élevé en moyenne, alors que l'appui à l'indépendance ou à la séparation est de 10 à 20 points moins élevé. D'autre part, il doit y avoir un affrontement autour de la question constitutionnelle (accord du lac Meech, référendum) ou un scandale nuisant à la crédibilité du fédéralisme (scandale des commandites).

Depuis janvier 2008, j'ai repéré 96 sondages ayant mesuré l'appui à la souveraineté, sans mention d'association avec le Canada. Ces sondages montrent un appui moyen de 38% au Oui. Au moment de l'élection du Parti québécois en 2012, l'appui était à environ 35% et il se situerait maintenant à environ 40%.

Où la souveraineté trouve-t-elle ses appuis? Alors qu'en 1980, l'appui à la souveraineté était à plus de 60% chez les francophones de moins de 35 ans et qu'en 1995, il était à plus de 60% chez les francophones de moins de

55 ans, l'écart entre les jeunes et les plus vieux s'est estompé depuis. Pour ce qui est de la scolarité, elle joue maintenant uniquement chez les 55 ans et plus, la génération porteuse du projet souverainiste en 1980. Enfin, chez les francophones, il n'y a aucune différence d'appui entre la région de Montréal et le reste du Québec. Ce n'est que dans la région de Québec que l'appui est particulièrement faible.

Quelle relation avec l'intention de vote? Le vote pour les partis souverainistes n'est pas totalement acquis à la souveraineté. Le sondage CROP publié hier montre que 48% de ceux qui avaient l'intention de voter pour Québec solidaire et 15% de ceux qui avaient l'intention de voter pour le Parti québécois déclaraient vouloir voter Non à un éventuel référendum.

En conclusion, l'appui à la souveraineté est en ce moment moins élevé qu'à l'aube des référendums de 1980 et 1995. La différence majeure vient du fait que la souveraineté n'est plus portée par les jeunes ou les plus scolarisés.