L'égalité entre les femmes et les hommes est apparue ces dernières années comme une des valeurs fondamentales des démocraties occidentales, qui fait partie de celles que l'on veut imposer aux nouveaux immigrants comme on le voit au Québec avec le projet de Charte des valeurs ou en France avec l'ABCD de l'égalité à l'école maternelle.

Si au Québec le débat sur la Charte divise profondément la société, en France, le nouveau programme scolaire soulève la colère de nombreux parents, colère qui vient s'ajouter à celle qu'a provoquée récemment l'adoption de la loi sur le mariage pour tous. D'où les manifestations monstres récemment à Paris et Lyon.

On pourrait dire que ce ne sont là que des soubresauts d'une vision passéiste de la famille. À la faveur de l'action plus que centenaire des mouvements féministes, l'actualisation de l'égalité entre les femmes et les hommes dans toutes les sphères de la vie sociale, privée et publique, a rencontré maints écueils, ce qui a souvent empêché les réformes de la famille.

La défense de la famille traditionnelle a rassemblé de nombreux opposants, venant souvent d'horizons différents, mais qui partagent une même conception de la différence entre les sexes et de la prétendue complémentarité des rôles entre les femmes et les hommes. Ces oppositions ont été animées aussi bien par les regroupements catholiques, traditionnellement hostiles à l'empiètement des valeurs laïques dans le domaine de la famille, que par les nouvelles droites conservatrices et extrêmes, réfractaires à toute notion d'égalité entre les sexes.

On voit bien quels sont les enjeux de cette lutte. La contraception libre et gratuite et l'accès à l'avortement, le travail salarié des femmes et sa généralisation, le mariage pour tous et la révision des manuels scolaires en fonction des études sur le genre, sont autant de moments qui ont marqué la longue marche des femmes en faveur de leur émancipation.

En moins d'un demi-siècle, ces moments, on pourrait dire ces victoires, ont conduit à des transformations majeures dans l'organisation des familles, de la sexualité et de la filiation. C'est sur ce dernier écueil que butent aujourd'hui des populations décontenancées par des changements aussi radicaux que rapides, et à nouveau sous l'emprise des religions.

Il est intéressant de constater ces nouvelles alliances entre un groupe confessionnel majoritaire (les catholiques) et un groupe confessionnel minoritaire (les musulmans) pour dénoncer «le mariage pour tous» en France, alors que les groupes confessionnels minoritaires, pensons aux juifs et aux protestants, étaient traditionnellement du coté de la République et en faveur de la laïcité.

Ces territoires perdus de la République sont les terreaux fertiles d'une opposition de plus en plus virulente au mariage pour tous et à l'égalité entre les femmes et les hommes.