Encore un nouveau drame. Cette fois à L'Isle-Verte. Une autre communauté frappée par la mort de plusieurs des leurs, qui pleure et pleurera longtemps cette nuit du 23 janvier. J'offre mes plus vives sympathies à toutes les familles touchées.

Mais, outre la profonde tristesse que cet événement induit, malgré le caractère accidentel de cette tragédie, je ne peux, aujourd'hui, que me désoler de l'irresponsabilité de nos autorités.

Le fameux processus de certification dont tout le monde parle et auquel cette résidence s'est soumise avec succès a été vicié au cours de sa mise en place. Étant responsable d'une résidence à but non lucratif, non certifiée, mais entièrement giclée, je désire faire le point sur cette question.

Depuis l'adoption des tout premiers règlements relatifs à la certification, les normes ont dramatiquement changé.

Au départ, à tout le moins pour une catégorie de résidences, la présence de gicleurs était absolument obligatoire. En plus des diverses normes touchant l'ensemble des pratiques, la loi exigeait le respect des normes de sécurité incendie requérant la présence de gicleurs pour de tels immeubles. Dans cette première mouture, la résidence dont je suis responsable satisfaisait aux divers critères et pouvait recevoir sa certification.

Mais voilà qu'après plusieurs mois de flottement, la règlementation a changé. La sécurité incendie serait dorénavant évaluée sur la base de l'évaluation du temps d'évacuation, un processus vraiment très facile à pervertir. Dorénavant, les résidences seraient soumises à des exercices d'évacuation minutés, en présence du personnel du quart de travail le moins pourvu. Les résidents pourraient être avisés et préparés à l'avance, ainsi que les employés. Très facile à fausser.

On est donc passé de règles fondées sur des connaissances avérées à de nouvelles règles reposant sur le facteur humain.

Que s'est-il donc passé pour que la règlementation change tout à coup en tout début de processus?

La majorité des résidences privées bâties il y a plusieurs années n'ont pas de gicleurs. Ces résidences devaient donc, pour se mettre aux normes, investir des sommes très importantes dans l'installation de systèmes conformes. Plus d'un million de dollars dans le cas des résidences de 300 à 500 logements. Les autorités régionales de la santé, pour leur part, auraient été confrontées à un casse-tête inexécutable pour reloger toutes ces personnes âgées vulnérables qui auraient été forcées de se trouver un nouveau milieu de vie en cas de refus de résidences d'investir les sommes requises.

Je crois personnellement que les nouvelles règles sont peu fiables. Outre qu'ils peuvent très facilement être trompeurs, ces exercices planifiés n'ont rien à voir avec l'occurrence soudaine d'un incendie majeur. Rien à voir, notamment, pour ce qui concerne le sang-froid requis dans une telle situation.

Les moyens efficaces existent pourtant. L'Ontario l'a compris après un drame similaire. Le Québec l'avait aussi compris avant de changer d'idée. Les systèmes d'extinction automatique, les gicleurs, sont d'une très grande efficacité. Efficacité prouvée, appuyée sur des données probantes.

On ne peut faire porter à des individus, à des personnes, en situation par définition chaotique, la responsabilité totale de la sécurité des personnes âgées vivant en résidence.