Toute une partie de la population de Laval vit actuellement des heures difficiles depuis qu'elle a appris que, selon les expertises de nos glorieux fonctionnaires du ministère de l'Environnement, leur propriété se situe dans une zone inondable et que, par conséquent, elle a perdu toute valeur et que, dans plusieurs cas, elle devrait même être démolie.

N'en déplaise aux théoriciens, un niveau d'eau et un débit, ça se contrôle, du moins avec un peu de jugement et un minimum de compétence et de créativité. Il y a un monde, également, entre un « milieu humide » précieux pour l'environnement et une zone dite « inondable » susceptible d'être inondée quelques jours aux quinze, vingt ou cinquante ans.

Dans le cas de la ville de Laval, il suffirait de réaliser des petits ouvrages de contrôle à l'entrée des rivières des Prairies et des Mille Îles pour éliminer toute possibilité d'inondation. Bien plus, le jour n'est pas loin où ces ouvrages seront requis de toute façon.

Il suffit en effet de consulter le site d'Environnement Canada pour apprendre que l'on estime à 24 % les effets d'assèchements sur la région des Grands Lacs au cours du siècle. D'autres spécialistes estiment l'ampleur de ces effets d'assèchements entre 20 et 30 %. Et où croyez-vous que ces eaux évaporées par le réchauffement climatique vont retomber ? Dans l'ouest du Québec, où les débits des rivières devraient augmenter dans une proportion de 14 à 18 %.

Or, l'ouest du Québec se draine par la rivière des Outaouais, donc par le lac des Deux Montagnes, lequel alimente notamment cette rivière des Prairies et cette rivière des Mille Iles. N'en parlez surtout pas à nos fonctionnaires : ils seraient capables de faire évacuer Laval au grand complet plutôt que de prendre les moyens évidents qui s'imposent et/ou s'imposeront pour gérer ces rivières.

Dans l'estimation de ces zones inondables, a-t-on tenu compte de ces effets des changements climatiques ? A-t-on tenu compte qu'il suffirait de déposer quelques grosses pierres dans les rapides du Grand Moulins et dans les rapides Lalement pour changer complètement toutes les données techniques du problème ? A-t-on tenu compte que le ministère lui-même s'est récemment permis d'ouvrir une brèche dans ces rapides pour augmenter l'apport en eau potable de la rivière des Prairies lors des périodes d'étiage et que, ce faisant, il a aggravé l'envergure des inondations possibles ? A-t-on tenu compte de cette possibilité de réaliser de petits ouvrages de contrôle ?

Chacune de ces questions remet complètement en cause les positions du ministère de l'Environnement concernant l'envergure des zones inondables. Il serait plus opportun, messieurs les fonctionnaires, d'oublier les procédures légales, de cesser de menacer inutilement la population et de retourner plutôt à vos planches à dessin et ce, d'autant plus que cette situation s'applique à la grandeur du Québec.

La situation illustre à la perfection le fait qu'un fonctionnaire sans initiative peut finir par s'avérer plus dispendieux, en fin de compte, qu'un ingénieur-conseil forcé de se prêter à des connivences... pour répondre aux demandes financières des partis politiques.