Il est coutume que les présidents sortants des conseils d'administration exercent un devoir de réserve destiné à assurer la pérennité des institutions. Plusieurs déclarations et commentaires récents ont toutefois imputé, directement ou indirectement, aux instances de gouvernance du CHUM d'avoir convenu avec Christian Paire de conditions d'emploi aujourd'hui qualifiées d'illégales, ouvrant ainsi à des spéculations de tous ordres.

Dans un contexte, politique et social, marqué au coin d'un manichéisme assez simpliste, il me paraît essentiel d'inviter à la nuance et, par le fait même, à reconnaître que rares sont les situations tout à fait noires ou tout à fait blanches.

J'ai publiquement rapporté les circonstances du recrutement et de la rémunération de Christian Paire lors de la Commission parlementaire de juin 2013 qui examinait certaines allégations relatives à la gestion du CHUM.

Il faut donc rappeler que la nomination de Christian Paire a fait l'objet d'une décision unanime du conseil d'administration du CHUM. Cette nomination a été recommandée, aussi à l'unanimité, par les cinq membres d'un comité de sélection sur lequel siégeaient un représentant du ministre de la Santé et des Services sociaux ainsi qu'un représentant de l'Agence de Montréal. Elle était également appuyée par l'Université de Montréal en application des règles du contrat d'affiliation entre les deux institutions.

Par ailleurs, la négociation des conditions d'emploi du directeur général a été conduite avec la participation continue du ministre de la Santé et des Services sociaux et de ses proches collaborateurs. 

Ainsi, la décision du Conseil du Trésor qui autorisait le paiement d'une prime d'attraction a été prise sur la recommandation du ministre, certes à ma demande mais sans doute surtout parce que le ministre a choisi d'exercer sa discrétion en ce sens et que les normes réglementaires l'y autorisaient.

Le contrat d'emploi de Christian Paire a été, comme le prévoit la loi, approuvé par l'Agence de Montréal sur la base d'un texte dont le moindre paragraphe avait au préalable fait l'objet d'un examen approfondi par les instances du ministère de la Santé et des Services sociaux. Ce sont elles qui ont ensuite autorisé l'Agence à donner l'approbation requise.

Le contrat incluait le paiement d'une rémunération additionnelle, applicable aux directeurs généraux du CHUM et du CUSM depuis 2003 comme suite à une autre décision du Conseil du Trésor qui, sur avis du ministre de la Santé et des Services sociaux, reconnaissait que le défi que présentait la transformation de ces établissements justifiait un rehaussement des conditions de travail de ceux-ci. 

Le paiement de cette rémunération, aujourd'hui critiqué par le Vérificateur général pour la seule année 2010-2011, est objet de débat juridique et il n'y a pas lieu d'en dire plus. Sinon, peut-être, pour préciser qu'il a été autorisé par l'Agence de Montréal.

Quant aux fonctions occupées par Christian Paire à l'Université de Montréal, elles ont été autorisées par le conseil d'administration du CHUM à la connaissance des instances régionales et ministérielles. De toute manière, elles n'avaient rien d'inhabituel puisque, comme le souligne le Vérificateur général, deux précédents directeurs-généraux du CHUM les avaient occupées, tout comme le directeur général de l'autre centre hospitalier universitaire de l'Université de Montréal.

Les choix exercés par l'actuel conseil d'administration du CHUM et ceux qu'il sera appelé à prendre sont les siens et il est souverain à leur égard. Rares ont été les périodes de l'histoire du CHUM qui n'ont pas été marquées par des controverses, des conflits ou des tensions mettant en présence les intérêts les plus variés et, faut-il regretter, souvent occultes et indicibles. 

Celle que le CHUM traverse actuellement n'est guère différente et les intérêts en présence sont probablement tout aussi diffus. Dans cette perspective, un minimum de circonspection s'impose sauf à vouloir contribuer au travail de sape auquel plusieurs se livrent depuis fort longtemps déjà.