Il semble être de mise, ces jours-ci, de remettre en question les régimes de retraite à prestations déterminées (RPD), ou du moins de noircir passablement les difficultés, certes réelles, qu'ils traversent. Ces attaques contre les régimes de retraite proviennent trop souvent des mêmes commentateurs qui dénoncent le fait que les Québécois n'épargnent pas assez en vue de leurs vieux jours. Et on voudrait aujourd'hui reprocher aux salarié-es de l'État de consacrer une trop grande part de leur revenu à leur régime de retraite? C'est à n'y rien comprendre.

Nous admettons d'emblée que nous sommes largement en accord avec les constats émis par Stéphanie Grammond dans ses deux récentes chroniques portant sur le Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) (La Presse, les 13 et 14 novembre 2013). 

Certes, la situation financière du régime n'est pas à prendre à la légère. Les taux de cotisation des participantes et des participants n'ont jamais été aussi élevés, il est vrai (encore faut-il reconnaître pourquoi) et le RREGOP connaît son premier déficit depuis sa création en 1973. Mais nous aurions des lunettes roses au volant de notre Cadillac? Rétablissons quelques faits.

Mme Grammond conviendra avec nous de l'existence de trois facteurs qui mettent présentement en difficulté tout RPD: des taux d'intérêt historiquement bas, des perspectives de rendement à la baisse et l'allongement de l'espérance de vie.

Faut-il rappeler que les deux premiers facteurs ne sont pas sans liens avec la crise financière qui a ébranlé la planète en 2008 et dont les effets perdurent encore aujourd'hui?

La caisse des participants du RREGOP (nos propres cotisations) a été frappée de plein fouet par cette débâcle financière. Cela s'est traduit par des pertes d'un peu plus de 12 milliards, correspondant à 25% de nos actifs. Cette perte se répercute encore aujourd'hui dans des taux de cotisation plus élevés pour les participants puisque, comme le reconnaît d'ailleurs Mme Grammond, les salarié-es de l'État assument 50% des coûts de leur régime de retraite et la totalité des risques de leur caisse.

La CSN et ses partenaires syndicaux sont conscients du fait que la maturité grandissante du régime pouvait présenter certains risques. C'est pourquoi nous avons convenu avec le Conseil du trésor, lors de la dernière ronde de négociation du secteur public, d'améliorer la formule de financement du régime afin d'en assurer la pérennité ainsi qu'une plus grande stabilité des taux de cotisation. 

De plus, un comité du RREGOP surveille attentivement l'évolution des rendements et revoit régulièrement les choix de placements afin d'être en mesure de faire face aux engagements du régime. Non, les actuaires de la CARRA ne portent pas de lunettes roses lorsqu'ils estiment les rendements futurs à 6,25% pour la caisse des participants. Ces hypothèses ont été soumises et validées par des actuaires indépendants et sont en tout point conformes aux pratiques exigées par le Conseil des normes actuarielles du Canada. À titre de référence, le rendement de la caisse des participants a atteint 9,5% en 2012.

Il est dommage que les critiques des régimes de retraite n'envisagent que trop rarement l'importance d'une bonne qualité de vie à la retraite ou encore le coût social d'une retraite dans la pauvreté. 

Le RREGOP n'est ni plus ni moins avantageux que les autres régimes de retraite à prestations déterminées du secteur privé. En moyenne, les retraités du secteur public reçoivent environ 16 647$ par année. Pour la Cadillac, on repassera.