Depuis 10 ans, le gouvernement du Québec a adopté à quatre reprises des mesures d'allégement temporaires pour aider les entreprises à faire face aux énormes déficits actuariels qui plombent leurs régimes de retraite à prestations déterminées et, si rien n'est fait, il faudra encore renouveler cette démarche.

Pourtant, depuis la consultation parlementaire faisant suite au dépôt du rapport D'Amours sur la sécurité financière à la retraite, nous disposons de tous les éléments nécessaires pour résoudre rapidement ce problème. 

Comme représentant des employeurs du Québec, le Conseil du patronat exhorte le gouvernement et l'ensemble des élus de l'Assemblée nationale, tous partis confondus, à joindre leurs efforts pour adopter sans plus tarder toutes les mesures législatives et réglementaires qui s'imposent pour régler de façon définitive la problématique des régimes complémentaires dans le secteur privé.

Pour le mieux-être de l'ensemble des contribuables, nous demandons aussi avec insistance au gouvernement de s'attaquer résolument au cancer qui ronge les régimes de retraite dans le secteur public. Nous pensons en particulier aux régimes de retraite des municipalités - qui doivent, à elles seules, composer avec un déficit actuariel qui atteint pratiquement cinq milliards de dollars - ainsi qu'aux régimes des universités et des sociétés publiques comme Hydro-Québec.

En s'inspirant des nombreuses propositions qui ont été soumises, le gouvernement doit avoir le courage politique d'appliquer de toute urgence les solutions qui lui permettront d'éviter la catastrophe. 

Tout en sachant qu'aucune de ces solutions ne fera consensus, il lui appartient de trancher en adoptant des mesures les plus appropriées, basées sur des principes comme le partage des risques, un âge effectif de prise de retraite plus tardif et la responsabilité à l'égard des contribuables qui ne peuvent plus faire face à de nouvelles augmentations de taxes ou d'impôts. 

Il devra aussi envisager des améliorations au régime de relations du travail dans le secteur municipal, qui empêche de sortir de l'impasse actuelle dans la majorité des cas.

La question des rentes publiques constitue un troisième défi qui réclame plus de réflexion. Alors que certains plaident pour une bonification du Régime de rentes du Québec, le groupe de travail D'Amours est arrivé, pour sa part, avec une proposition de rente de longévité. 

Bien que cette dernière proposition a le mérite d'éviter certains dommages que pourrait causer une bonification des régimes de retraite publics, elle nous apparaît comme une solution qui n'est pas vraiment adéquate dans le contexte actuel. Son caractère universel va en effet à l'encontre de la constatation que la problématique de la sécurité financière à la retraite ne touche pas nécessairement l'ensemble de la population, mais bien certains groupes ciblés. 

Ainsi, les régimes publics font déjà en sorte de protéger la situation financière des plus démunis, alors que les plus riches ont les moyens financiers d'épargner pour leur retraite. C'est à la sécurité financière de certains groupes se situant entre ces deux extrêmes qu'il convient de s'attarder.

Par ailleurs, toute solution qui passerait par une bonification du régime de rentes public ou la création d'une rente de longévité doit prendre en considération la capacité limitée de payer des contribuables. Les citoyens et les entreprises n'ont tout simplement plus les moyens d'acquitter davantage de cotisations.

Si la société juge nécessaire de procéder à une augmentation de cotisations dans nos régimes de retraite publics, le gouvernement doit envisager, en contrepartie, d'appliquer une réduction équivalente des contributions dans d'autres programmes ou avantages sociaux.