On peut raisonnablement se demander ce qu'André Pratte apporte à la réflexion collective quand il nous assène ses pensées sur le drame de Lac-Mégantic. Nous voici en train de formuler des conclusions prématurées selon lui... Que veut-il dire?

D'abord, il taxe les partis d'opposition d'opportunisme parce que le NPD accuse les conservateurs de laxisme dans le domaine de la sécurité ferroviaire. M. Pratte: quel est le mot qui convient au fait que c'est le gouvernement conservateur qui a accordé la permission de n'utiliser qu'un seul opérateur pour un train de 70 wagons de matières dangereuses? Progressisme?

Ensuite, il nous fait cheminer sur la grande question du respect des règlements. Si ces derniers ont été respectés, de quoi pouvons-nous nous plaindre? Il ne se questionne nullement quant à savoir si les pratiques ou les règlements sont suffisants ou adéquats. Il plaint même en quelque sorte les compagnies ferroviaires qui seraient «soumises à une tonne de règlements de toutes sortes». Dans quelle société vit-il? Et surtout, de quels intérêts est-il le chantre?

Il affirme ensuite que des incidents majeurs impliquant des produits dangereux sont «rarissimes»: or, les journaux sont pleins d'exemples qui viennent contredire cette affirmation depuis deux jours. 

Plus on fouille la manière d'opérer de la MMA, plus on trouve de façons déplorables de faire; et, concernant le capitaine d'industrie qui la mène, on apprend qu'il assurait la direction d'une autre compagnie responsable d'au moins un incident majeur semblable au Wisconsin, il y a quelques années. Cette fois-là, l'hiver et la configuration des lieux auraient permis d'éviter les pertes de vie humaine.

Finalement, au détour d'un paragraphe, M. Pratte nous révèle sa philosophie quant à la gestion des risques: «On ne peut que chercher à minimiser les risques». Donc, il faut au départ les accepter comme des fatalités... Et l'art de gouverner, n'est-ce pas prévoir? 

Quand une situation évolue comme celle du transport de matières dangereuses, est-ce trop demander de nos gouvernants que d'ajuster le tir pour assurer la sécurité du public? On voudrait croire que c'est de cela que voudrait leur parler l'éditorialiste en chef de La Presse!

Avant de faire ses éditoriaux, M. Pratte devrait lire les journalistes de La Presse qui sont, soulignons-le, une source d'informations très pertinentes sur la tragédie de Lac-Mégantic. Dans leur ton comme dans les faits qu'ils portent à notre attention, ils font avancer le débat dans le respect des citoyens éprouvés que nous sommes. Merci en particulier à MM. Marissal et Boisvert.